L’Aube des furies
2023
Veronica Ngo
Visiblement forte du succès de Furie, son interprète principale (Veronica Ngo) s’est vue offrir la possibilité par Netflix de prolonger l’expérience, passant même pour l’occasion derrière la caméra. Point de suite en revanche, on se concentrera cette fois sur le passé de celle qui faisait office de boss final.
L’histoire prend place 15 ans plus tôt, alors qu’une certaine Bi est recueillie par Tata, une mafieuse qui veut débarrasser Oh-Chi-Minh du trafic de femmes et d’enfants, pour qu’enfin les rues soient de nouveau sûres et que cette impunité du crime prenne fin. Pour ce faire, un groupe de femmes déterminées vont s’entraîner pour faire justice elles-mêmes.
Mon dieu non… Déjà passons sur deux idées absolument catastrophiques à la base même du projet : faire un préquel où l’héroïne du précédent film campe ici un rôle qui n’est pas le même, paye ton incohérence de casting, et surtout centrer le film autour du boss final du film original, sachant que cette dernière meure et qu’elle n’était qu’une simple figure d’oppression sans autre forme d’écriture. Comment donc s’intéresser à quelqu’un qu’on sait qu’elle a basculé dans l’autre camp et qui n’a aucun avenir ? Paye au passage ton incohérence de développement de personnage, qui jusqu’à la toute fin se pose comme seule vraie figure morale quand derrière ça va charcuter des enfants pour leurs organes. Et en vrai, tout le reste de l’écriture est au moins aussi problématique, avec les deux amants qui parlent d’avenir, donc bien évidemment au moins un va mourir, le camé qui au lieu de crever d’overdose se transforme en zombie survitaminé, ou encore le retournement absurde sur « en fait elle est méchante » sortant littéralement de nulle part juste pour faire un bain de sang, ce qui là encore, détruit tout l’intérêt du film. Si tout le monde fini six pieds sous terre, qu’est-ce qu’on s’en fout d’avoir suivi ces personnages ? Vraiment, le scénario est une tannée…
Y a t-il au moins quelque chose à sauver ? Eh bien oui, on garde l’énergie de Furie, avec toujours une belle générosité dans la violence et des chorégraphies réussies. Et c’est tout, avec pas mal de bémols. Il va falloir parler de quelque chose qui fâche presque autant que le scénario : les effets spéciaux. Rarement on sera descendu à un niveau si criard, une catastrophe comme on en voit normalement plus depuis des décennies. Toutes les giclées de sang sont numériques, et ni la couleur, ni la projection, ni l’intégration ne passent, c’est tout simplement les pires incrustations de faux sang que j’ai vu de ma vie. On pensera aussi au passage au port, avec des explosions et effets de flammes à peine au niveau de cinématiques Playstation première du nom il y a 30 ans. Et tout cela n’est rien face à LA séquence, celle vers les deux tiers : la course poursuite. S’il y avait un prix du plus gros foirage de FX de l’histoire, on serait vraiment très haut, pire que certains nanars des années 70-80. Il s’agit d’une course poursuite en moto, avec moult cascades, mais c’est à vomir ou hurler de rire selon les goûts : des doublures numériques hideuses, des motos allant peut-être à maxi 60 km/h pendant que le décor défile de façon frénétique à 300 km/h, créant un tel décalage que c’en est à peine croyable. Sans ça, on aurait juste un film d’action débile avec une fin ratée, mais y rajouter en plus une technique lamentable rend la séance vraiment pénible.