Squid Game 3
2025
Hwang Dong-hyuk
Nous y voilà, la fin de la série phénomène Squid Game, trouvant là sa dernière partie, sept mois après la seconde, bien qu’en réalité la seconde et troisième partie auraient dû sortir ensemble tant l’intrigue est brutalement coupée en plein milieu. Un Squid Game 2 ô combien frustrant tant pas grand chose n’avançait, et la conclusion était donc attendue au tournant. Un final à la hauteur ?
Niveau histoire, on reprend exactement à la fin de la deuxième partie, alors que Gi-Hun a essuyé un cuisant échec et que l’inspecteur Hwang cherche encore et toujours la fameuse île. Les jeux vont alors reprendre, comme si de rien n’était, alors que les VIP s’apprêtent à arriver pour les derniers jeux. Quelqu’un pourra-t-il les stopper ?
Alors, que dire… Final « réussi », pour une série avec globalement un arrière goût de raté. Dans les bons points, on pourrait dire que le premier jeu (et quatrième de la partie en cours) est très réussi, avec un concept de portes qui fonctionne bien, et le design à la laser game est très bon, mais impossible de ne pas se dire que c’est un peu celui des billes de la première saison où la finesse s’envole, passant de perdre coûte la vie, à carrément les joueurs qui doivent se tuer entre eux. Il faut désormais se salir soi-même les mains, ce qui nous fait passer un cap dans la monstruosité. Un maître mot pour cette troisième saison d’ailleurs, avec le fameux bébé dont on ne pouvait que redouter l’arrivée. Eh bien son traitement, sans trop en dire, n’aura de cesse que de montrer l’aliénation ambiante, mais redorant quelque peu le personnage de Gi-Hun, que j’ai détesté dans la première saison, mais qui aura su faire son chemin de rédemption par la suite. On pensera aussi au trio de femmes formé dans le second épisode, comptant parmi les personnages les plus réussis et attachants. De même, pour une démarche si nihiliste, la série reste cohérente jusqu’au bout dans ses objectifs, ce qui est louable.
Place maintenant à tout ce qui ne va pas. Outre le quatrième jeu, qui dans ses tenants et aboutissants est une repompée du jeu de bille sans la finesse et l’horreur psychologique qui allait avec, y allant frontalement, les jeux ne sont pas foufous. En même temps, on reprend des jeux simples pour enfants, c’est l’idée, mais les limites sont de plus en plus flagrantes. Ensuite, l’effet waouh de l’univers se dissipe avec le temps, et les musiques si marquantes de la première saison sont bien moins utilisées, voir carrément absentes. Mais vient surtout le plus gros problème : les personnages. Mise à part le héros, aucun n’aura de développement digne de ce nom, et pour cause, quand on est mort, on ne peut plus faire grand chose. Mais dans l’interstice, on espérait des tentatives de rédemption, de la justice punitive, mais rien. La chaos règne en maître, personne n’en sort grandi, voir n’en ressort tout court. On pense notamment à 125, le frêle jeune homme constamment rabaissé, qu’on espérait voir se reprendre en main, mais qui au contraire va sombrer dans la drogue et devenir à l’image de celui qu’il haïssait. C’est brillant de nihilisme, mais en termes de développement de personnage, c’est catastrophique. De même, le désormais meme du gars le plus inutile de l’histoire n’est clairement pas surfait tant l’inspecteur Hwang est un boulet ne servant au final à presque rien. Et puis surtout, on pensera à 333, le père du bébé, dont on espérera constamment qu’il retrouve le droit chemin, voir qu’il s’en sorte avec 222, la mère, et qu’ils élèvent ensemble leur fille. Que nenni, il prendra constamment la décision la plus vile et la plus lâche, ne portant ses couilles que pour assumer d’être la pire merde de l’humanité. Magnifique… On pourrait aussi parler du rythme, puisque qu’en 13 épisode, les saisons 2 et 3 n’ont que six jeux, comme la première saison en 9 épisodes, et Hwang compressait alors son rôle et celui de la nord coréenne. Plus j’y pense et plus la première saison me manque, alors même que j’avais été passablement déçu (épisode 2 inutile, mérite des personnages inversement proportionnel à leur réussite, héro lamentable). La série ne mérite largement pas son succès, mais espérons que la suite / spin-off américain corrige certains défauts.