Pokémon Ecarlate & Violet


Pokémon Ecarlate & Violet
2022
Nintendo Switch

Si j’avais pu y jouer à sa sortie, et même le finir en décembre 2022, il faut bien avouer que la quantité de bugs sans commune mesure rendait toute critique compliquée, d’autant que pour une fois, Gamefreak a tenté de rattraper ses erreurs en déployant moult patchs au fil des mois, histoire que les gens reviennent sur le jeu avant la sortie des DLC (que je n’ai suivi que par vidéo). Est-ce pour autant une raison de lui laisser une seconde chance ? D’autant que l’expérience initiale n’était pas si atroce, au contraire, il y soufflait un vent de fraicheur agréable. Désormais on le sait officiellement, le jeu a été à ce point mal optimisé car il était pensé pour une Switch pro devant sortir au même moment que le jeu, fin 2022, ce qui n’enlève rien à la honte technique du jeu de base. La version pro aurait-elle rattrapé certains problèmes ? Nous avons dorénavant la réponse avec la Switch 2 et la version dédiée du jeu, que j’ai donc pu tester.

Graphismes : 06/20 (et 07/20 sur Switch 2)

On le dira jamais assez, et espérons que ce soit moins catastrophique sur ZA qui est heureusement le dernier gros jeu avant Pokémon Wind & Waves qui s’annonce ahurissant sous Unreal Ungine 4, mais pendant plus d’une décennie Gamefreak a recyclé son moteur graphique datant de Pokémon X & Y en 2013, pour une console de faible puissance qu’était la Nintendo 3DS. Voir un jeu si vide (pas d’intérieurs – ou presque – de bâtiments, des décors minimalistes, peu de personnages à l’écran), avec des modèles 3D si simplistes et qui pourtant font crasher le jeu régulièrement sous les 20 fps avec du clipping (choses apparaissant au dernier moment) atroce, c’est indigne d’un jeu, surtout face à ce qui est probablement le studio le plus riche du monde tant leurs ventes sont faramineuses (26 millions de ventes pour la huitième génération, 15 millions pour les spin-off et plus de 30 millions ici, donc pas loin d’une moyenne d’un milliard de chiffre d’affaire par jeu sur Switch pour des budgets avoisinants les 15-20 millions). N’oublions pas que la console a pratiquement la puissance d’une PS4 (20% inférieur), donc on est en droit d’attendre des jeux à peu près similaires (plus en 720p 30 fps que 1080p 45 fps sur PS4 certes), et la Switch 2 a une puissance intermédiaire entre la PS4 pro et la PS5. Le jeu aurait été jugé graphiquement indigne d’une PS3, et même sur PS2 on a vu plus abouti. Après, on peut arguer que la direction artistique est sympathique (mais tellement moins aboutie que Legends Arceus) et qu’en termes de design les pokémons de la 10G comptent parmi les meilleurs jamais vus, mais ça ne change pas grand chose au naufrage technique (décors hideux, textures accusant deux décennies de retard, gestion des distances d’affichage calamiteuse, absence de mise en scène, notamment dans les combats, et arènes / combats lamentables avec deux spectateurs), à peine lissé sur Switch 2 (mais au moins stable en 4K 60 fps).

Jouabilité : 13/20 (et 12/20 sur Switch 2)

Le plaisir de Pokémon est toujours là, heureusement. A voir comment se passe l’évolution dynamique sur ZA, mais depuis une trentaine d’années, on s’est habitué à cette mécanique du tour par tour avec quatre attaques de movepool, table de types, EV et IV avec natures, talents, objets qui font de la stratégie Pokémon un modèle du genre. C’est toujours agréable, et c’est grisant de voir tout cela dynamisé à chaque génération avec de nouvelles attaques, de nouveaux pokémons, de nouvelles mécaniques. Ici c’est le téracristal, qui permet carrément de changer à n’importe quel moment du combat le type d’un pokémon, changeant alors la donne en termes de résistances, faiblesses et bonus de type (bien que dans les faits, pendant le jeu cela rajoute juste un peu de puissance d’attaque, car on ne prendra jamais le temps de récupérer tous les éclats pour changer le type de téra). Sur le papier, c’est donc toujours incroyable, surtout avec la perspective d’une exploration poussée en monde ouvert. En pratique, c’est très décevant : quasiment aucun à côté en dehors des missions principales, certes sympathiques, surtout celles des épices avec notre monture qui évolue de manière intelligente au fil de l’aventure ; et la pléthore de bugs gâche outrageusement le plaisir. Comment apprécier la balade quand toutes les textures s’affichent quand on est à deux mètres, que les animations chutent à 2 fps en arrière plan et que les pokémons apparaissent parfois au moment où on rentre en collision avec eux ? Pour ce qui est de la fluidité, la version Switch 2 règle la plupart des problèmes, permettant enfin de tester les raids téracristaux autrement injouables, mais ça reste une redite en moins bien des raids dynamax sur Epée et Bouclier. Mais là où le bat blesse, c’est que dans le but de rendre le jeu plus vivant sur Switch 2, le nombre de pokémons sauvages a été multiplié par cinq ! Une folie qui rend trop facile la complétude du Pokédex, et qui surtout rend l’exploration chaotique tant le clipping fait qu’on rentre très souvent en collision avec des pokémons invisible. En vrai la quantité de bugs est une honte absolu légèrement moindre avec les patchs en 2025, mais à sa sortie le jeu était quasi injouable et on a là l’un des pires monde ouvert jamais vu : vide, mal pensé, graphiquement si hideux que le plaisir de l’exploration est inexistant, et heureusement qu’il reste toute la solidité stratégique de la licence.

Durée de vie : 15/20

Voilà l’un des seuls points sur lequel on peut difficilement pester, hormis le fait que sur Switch première du nom les raids sont (étaient ?) injouables et qu’il a fallu attendre, comme en 8G, le second DLC pour avoir un dôme de combat digne de ce nom. On a là une aventure qui se boucle en une vingtaine d’heures, ce que je trouve est le plus optimal, au delà la redondance ou la lassitude sont plus élevés. Le côté open world rend la complétude du Pokédex plus facile et agréable, puis après les combats en ligne sont là pour nous occuper potentiellement indéfiniment. Enfin ça c’est sur le papier, car sans Magneto VS, avec un timer horrible et le manque d’intérêt de l’exploration, mon abonnement online a clairement beaucoup moins servi que sur la précédente génération qui de ce côté là était parfaite une fois les DLC sortis. Eh puis bon, passer de magnifiques colisées blindés avec une musique épique à une petite bataille avec deux pélos qui regardent, dont une grand-mère, et des bugs rageants où la moitié des pokémons ont leurs pieds en dessous du sol, ça donne beaucoup moins envie de s’y attarder.

Bande son : 14/20

Jamais la saga n’aura fait défaut, et cette fois on aura même une partition de légende, celle de la zone zéro. Une découverte mettant une claque sans commune mesure, d’autant que le reste peine à s’imprégner autant. Reste que le manque de vie commence à salement se faire sentir, et ça devient de plus en plus inacceptable d’avoir aussi peu de locution de la part des pokémons, et surtout une absence de doublage pesante. A quand un jeu vraiment ambitieux ?

Scénario : 10/20

Potentiellement le moins mauvais de la saga, il est vrai pas du tout réputé pour cet aspect artistique. Et pendant une grande partie de l’aventure, on croira même assister à l’un des plus minimalistes dans le genre : pas de méchants, pas d’enjeux, pas de lore local. Mais une fois bien avancé dans le jeu, on se rendra compte que l’insupportable Pepper est en réalité un maitre dévoué, au combat émouvant, de même que la team Star traite de façon touchante et intelligente du harcèlement scolaire. Plus encore, tout ce qui entoure la zone zéro est incroyable, allant jusqu’à oser parler de la mort avec une violence inédite. Aura t-on un jour une histoire ambitieuse ? Probablement jamais, mais ça faisait depuis Pokémon Noir & Blanc que la saga n’avait pas fait preuve d’une telle maturité, et c’est à saluer.

Note Globale : 12/20

Voilà ce qui aurait pu, aurait dû être le meilleur jeu de Pokémon de tous les temps, et en un sens il l’est, mais dans une version alpha qui n’aurait jamais dû sortir en l’état. Entre révolution et classicisme, le jeu conserve tout ce qui faisait le charme de la licence, mais y apporte un énorme vent de fraicheur avec une liberté totale, une exploration incroyable dans un monde totalement ouvert. Seulement voilà, son moteur graphique est d’un autre âge, développé sur une console portable de précédente génération et qui fait peine à voir sur grand écran, d’autant que jamais conçu pour de grands espaces que le moteur aura tout le plus grand mal du monde à gérer : distance d’affichage catastrophique, clipping à outrance, textures immondes et bugs en pagaille. Même en 2025 sur Switch 2, le constat est peu ou prou le même. La note d’intention est là, beaucoup de bonnes idées, d’autres mauvaises (la gestion des œufs), mais la technique est une telle honte qu’elle impacte fortement le ressenti. Imaginez : pour ainsi dire aucun bâtiment où l’on peut rentrer à l’intérieur, aucune boutique, ni même animation de porte ! Le jeu le plus ambitieux de la licence, mais il sera grand temps que Gamefreaks se donne vraiment les moyens, car même si la popularité de Pokémon est à son paroxysme et que le marchandising pulvérise le CA du jeu vidéo, c’est de ce médium que tout est parti. Prions pour que la 10G, prévue pour les 30 ans fin 2026 (report d’un an, 6 ans de développement, soit le double d’ici) avec enfin un nouveau moteur (version propriétaire dérivée du Unreal Engine 4), sache enfin faire honneur à la légende. Réponse le 27 février 2026, jour de l’annonce officielle.

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