Kaamelott – Premier volet
2021
Alexandre Astier
Ah Kaamelott, série française mythique qui nous a fait hurler de rire durant quatre saisons au format court, gagnant progressivement en intensité dramatique jusqu’à une saison 5 colossale, véritable bijou poétique sur la dépression. Plus mitigée, la sixième et dernière saison avait une ambition plus grande encore, nous plongeant dans le passé avec une grande maîtrise du spectacle, de l’émotion, développant le lore avec brio, malgré quelques ratés sur l’humour un brin moins aboutie. Néanmoins, les promesses d’avenir étaient dantesques, créant des attentes intenables pour ce premier film, que j’avais alors rejeté en bloc à sa sortie, au point de ne même pas en écrire la critique. A l’approche de la suite de la « trilogie » (qui sera finalement à minima une quadrilogie avec le second volet découpé en deux), il était grand temps de lui laisser une seconde chance. Il est vrai que des films comme Avengers Endgame m’avait hautement déçu à sa sortie, ayant imaginé trop de choses impossibles, alors que désormais c’est tout simplement mon Marvel préféré. Est-ce le cas ici ? Non.
C’était la promesse après deux saisons à se battre contre sa dépression et ses démons internes, Arthur allait enfin se reprendre en main et redevenir un héros ! Non ? Ah non, finalement l’histoire reprend son fil environs 10 ans plus tard, alors que Arthur Pendragon ( Alexandre Astier) fuit toujours son destin et ses responsabilités, se cachant depuis tout ce temps. Ce sont finalement un contrebandier et un chasseur (Clovis Cornillac et Guillaume Gallienne) de prime qui vont le remettre au duc d’Aquitaine (Alain Chabat), qui l’obligera à constater d’à quel point le Royaume de l’Ogre est tombé en ruine suite à la tyrannie imposée par Lancelot (Thomas Cousseau).
Que c’est triste de voir ainsi balayé deux saisons entières de développement de personnage pour en revenir au point redondant et donc lassant du roi fuyant ses responsabilités. Mêmes situations, mêmes personnages, mêmes dialogues et même humour, avec du fan service reprenant certaines des blagues cultes de la série comme le coup de la chemise trop molle. Un manque de renouveau très dommageable, mais c’est en réalité là où le film est le meilleur, car en dehors de ça, tout ce qui est « original » est soit inutile soit raté. Toutes les séquences du passé n’apportent rien, seulement quelques jolis costumes et décors, on ne voit que trop peu de la tyrannie qui semble en réalité bien molle, le jeu avant le rocher est d’une lourdeur sans nom, le design des burgondes est atroce, et puis surtout inclure de nouveaux personnages – surtout insipides – était une erreur tant cela alourdi le récit et empêche un peu tout le monde d’exister vu la quantité de personnages de la récit revenant : Léodagan (Lionnel Astier), Séli (Joëlle Sevilla), Guenièvre (Anne Girouard), le roi Loth (François Rollin), Perceval (Franck Pitiot) et Karadoc (Jean-Christophe Hembert), Dame Mevanwi (Caroline Ferrus), Bohort (Nicolas Gabion), Merlin (Jacques Chambon), la Dame du Lac (Audrey Fleurot), Père Blaise (Jean-Robert Lombard), Dagonet (Antoine De Caunes), l’archiviste (Christian Clavier), la duchesse (Géraldine Nakache) et bien d’autres. Avec autant de personnages, la plupart n’auront qu’une poignée de dialogues, faisant presque de la figuration, et c’est bien normal tant une saison dépassait forcément les six heures de métrage.
La série pouvait-elle ne serait-ce que revenir en film ? Assurément, les livres V et VI avec une puissance cinématographique indéniable, mais pas comme ça, car le film semble perdu le cul entre deux chaises. En recyclant les thématiques et enjeux des dernières saisons, le film semble vouloir viser un public plus large, même ceux ne connaissant pas la série, alors même qu’il passe son temps à y faire des références avec trouzemille personnages autrement pas introduits. C’est confus, peu inspiré ou volontairement fainéant, et les enjeux semblent bien maigres. Espérons que la suite saura enfin faire évoluer l’histoire, car vraiment ce premier film est foncièrement raté, malgré tout mon amour pour l’univers et l’équipe qui y a œuvré derrière.