
Misery
1991
Rob Reiner
Classique parmi les classiques, Misery est à la fois un classique de la littérature, adapté de l’auteur le plus prolifique de tous les temps, Stephen King, mais cette adaptation cinématographique est elle-même devenue un classique, notamment saluée pour son infirmière folle qui a raflé l’Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle. Plus de trois décennies plus tard, est-il encore aussi ce monument du septième art ?
Ecrivain de seconde zone embourbé depuis longtemps dans sa série sur la famille Misery, Paul Sheldon (James Caan) rentrait de son gîte habituel où il écrit chaque nouveau livre, avec cette fois la volonté de mettre fin à sa saga à succès où son livre à paraître allait tuer son héroïne. Seulement voilà, un accident de voiture sur le retour en décidera autrement, puisqu’il sera « secouru » par Annie Wilkes (Kathy Bates), sa plus grande fan. Un sauvetage qui va en fait être une séquestration où Paul devra réécrire son nouveau roman pour correspondre aux attentes de sa ravisseuse, et attention à ne pas la contrarier.
Un concept fort qu’est celui de la détention où la prison devient ici un chalet isolé, entouré par un désert de neige, et où le prisonnier est lourdement handicapé de part les blessures de son accident, le privant d’un bras et de ses deux jambes. Le malaise laisse vite place à l’inquiétude, puis à la terreur de se dire que ce sauvetage n’en est clairement pas un, et qu’il va devoir se plier à la volonté de la maîtresse des lieux pour rester en vie. Simple mais efficace, dans une mise en abîme de la toxicité de certains fans, message peu anodin puisque adapté d’un roman, donc un écrivain qui se met directement en scène. Le suspens quant à la folie de l’hôte des lieux n’est pas là, tout étant d’une évidence claire dès le début, mais on est plutôt sur un suspens entourant la possibilité ou non pour l’écrivain de s’en sortir, et de voir les stratagèmes qu’il utilisera pour essayer d’y parvenir. Globalement c’est plutôt une autoroute manquant de subtilité avec des fusils de Tchékhov bien trop évidents, mais on passe un bon moment avec effectivement une prestation remarquable concernant madame Wilkes. De là à parler de monument du genre, on en est loin, mais même aujourd’hui ça reste très efficace.
