1917

1917
2020
Sam Mendes

Pratiquement inconnu à deux semaines de sa sortie, le film a créé la surprise en raflant deux prix majeurs aux Golden Globes : meilleur film et meilleur réalisateur. Depuis, le film s’est vu nominé aux Oscars dans toutes les plus prestigieuses catégories et est déjà promu à un bel avenir au box-office, ayant déjà franchi la barre des 100 M$, ce qui est déjà énorme pour un film de guerre. Il pourrait atteindre la barre des 300 M$, même en repartant bredouille de la grande cérémonie, faisant de lui l’un des plus gros succès de tous les temps pour le genre. Encensé par les critiques, le film mettait en avant un argument de poids : un film de guerre en plan séquence. Était-ce le seul argument ? Cela suffit-il pour en faire un chef d’œuvre ? Verdict.

Le film nous replonge en 1917, en pleine Première Guerre Mondiale au sein d’une garnison britannique. On y suivra les premières classes Blake (Dean-Charles Chapman, alias Tomen de Game of Thrones, que je n’avais pas reconnu tellement il est bouffie) et Shofield (George MacKay), qui vont se voir confier une mission de la plus haute importance. En effet, près de deux mille hommes doivent donner aux aurores un assaut contre les forces bolcheviques, persuadés que l’ennemi est faible et se replie, alors même que d’après leurs éclaireurs il s’agit d’un piège où l’ennemi y a regroupé toutes ses forces. Visiblement aucun moyen de communication ne leur permettrait de les contacter, et de fait Blake et Shofield vont devoir traverser 13 km de no man’s land pour sauver des centaines de soldats.

Histoire vraie ? Aucune importance, on aura rarement vu une histoire aussi dispensable. On ne parle pas d’un acte héroïque qui changerait la donne ou d’un choix stratégique qui amènera à la fin de la guerre, juste d’annuler, voir à peine reporter une attaque, sauvant à peine plus de mille homme, sans savoir s’ils n’iront de toute façon pas au casse-pipe le lendemain. D’un point de vue militaire, dans un événement aussi important qu’une guerre mondiale, il est difficile de concevoir qu’une histoire aussi anecdotique. C’est bien simple, n’importe qui ayant eu un grand-père ayant un minimum d’expérience de terrain aura plus d’anecdotes intéressantes à raconter. Quid du plan séquence ? Oui, cela permet une grande immersion, mais au sacrifice de tellement d’autres choses, comme la mise en scène et le grandiose. On a un peu l’impression d’alterner entre un travelling de plusieurs kilomètres et de la caméra à l’épaule, en fonction de comment on a besoin de suivre les personnages. Et comme en plus on restera sur de l’infiltration, ce choix de plan séquence ne permet pas de vivre le cauchemar de la guerre là où l’affrontement est le plus violent. De fait, la sensation d’immersion est moindre, et des dizaines de films donnent mieux cette sensation d’être au cœur de la guerre.

D’un point de vue histoire, le film est inutile et insipide, d’un point de vue technique, il est décevant. Le travail en terme d’impact visuel et de puissance sonore est à des années lumières en dessous de Dunkerque par exemple, donc que reste t-il ? Les acteurs sont très bons (avec au passage des caméos de Colin Firth, Mark Strong, Benedict Cumberbatch et Richard Madden), mais pas de quoi s’offusquer de ne voir personne nominé aux Oscars. Alors certes, l’exercice de style était difficile, incroyablement compliqué d’un point de vue technique, et en dehors de quelques coupes facilement repérables, la plupart arrivent à se faire dans le prolongement de l’action, et la réussite est totale. Mais en dehors de cette particularité moins maîtrisée que dans The Revenant, le film souffre d’une réalisation plate et d’une histoire insignifiante. Le film réussi très bien son pari et vaut le coup d’œil pour cette seule excentricité, mais heureusement car c’est de loin son unique argument.

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