Partant d’un principe un peu fou qu’était de réunir les univers de Disney et Final Fantasy, la saga Kingdom Hearts s’était imposée comme un cross-over sympathique, surtout plébiscité pour son système de combat particulière pêchu et dynamique, véritable must de l’Action-RPG. Surprenant son monde, la saga a évolué et a fait preuve d’ambition avec son épisode GBA, Chain of Memory, et le fameux Kindgom Hearts II, révolutionnant le concept. Désormais riche d’une belle mythologie propre et d’une dizaine de jeux, la saga nous contera ici ses origines.
Graphismes : 16/20
Annoncée comme une Playstation 2 portable, la console n’aura jamais véritablement brillé. Connu pour proposer les plus beaux jeux vidéo qui soient, Square Enix n’aura pas réussi à imposer des graphismes magnifiques, échouant comme avec Crisis Core. La plupart des textures sont assez fades, et mieux vaut ne pas regarder de trop près les décors. Mais après tout, la série est connue pour son style épuré, à l’image des anciens Disney limités par leur époque. Sans doute faudra t-il attendre l’adaptation de Disney plus ambitieux. Mais les choses étant ce qu’elles sont, le jeu est sans doute l’un des plus beaux de la console, et il faut au moins lui reconnaître un level design réussi et un style coloré et chaleureux qui fait son petit effet. De plus, les jeux de lumière, les combos dévastateurs et l’incroyable fluidité rendent l’expérience tout de suite plus agréable. À noter aussi la bonne modélisation des personnages, très probante pour les cartoons.
Jouabilité : 17/20
Ayant porté le concept jusqu’à son sacro-saint, Kindgom Hearts II se verra ici défié, tentant de le transcender. Un pari à la fois raté et réussi, proposant un système de combat quasi parfait, mais plombé par des frustrations insupportables. Composée de trois personnages, l’histoire se doit d’être effectuée au moins en mode expert (cf durée de vie), obligeant déjà à des mises à niveaux régulières et imposant un mixage intensif. Se présentant sous forme d’Action-RPG, le jeu nous oppose donc à des hordes de nesciants (monstres contrôlés par les ténèbres et en passe de devenir des sans-cœurs), que nous affronterons donc à coup de Keyblade, mais pas que. Plus importantes que jamais, les commandes offrent non seulement un panel de coups importants entre celles d’attaques et celles de magies, certaines franchement dévastatrices, mais peuvent en plus s’améliorer par mixage, généralisant cette idée préalablement utilisée. Il est en revanche étrange de constater que les équipements, autres que les armes, aient disparu, allant à l’encontre du principe d’étoffement. On retrouvera aussi les gemmes, permettant l’amélioration des mixages. Malheureusement, et c’est là l’une des plus grandes frustrations, les divers bonus indispensables que le mixage délivre (pour tout ce qui est attraction, profusion, défense magique, et autres bonus) sont chaotiques à prédire, et mieux vaut s’armer d’internet pour ne pas perdre son temps et ses commandes à ce petit jeu, les deux commandes mixées disparaissant évidemment. Quand la plupart des combos ennemis sont mortels, il est indispensable d’avoir la capacité permettant de résister à 1HP. Côté combos, les personnages sont dotés d’une jauge d’enchaînement, permettant de déchaîner des coups de grâce dévastateurs. Nos héros possèdent aussi une commande de visée, activant des attaques à distance ou bien des attaques en pique, très utile pour les boss lents. Puis vient l’heure des erreurs, beaucoup trop nombreuses. Les techniques primordiales de déplacements / parades sont ou hasardeuses, ou même supprimées, comme le rétablissement, devant subir sans interventions possibles des combos, quasi systématiquement meurtriers. On ragera de voir deux des trois personnages faire des roulades quand le premier glisse, et on pestera des exclusivités de chacun (double saut, super saut, planage) qui sont la base même du jeu. Plus encore, et c’est un problème qu’on croyait résolu, la caméra s’affolera une fois de plus face à certains boss, pour ne pas dire tous, rendant notamment les faucheurs abusifs de difficultés. Pour pousser le machiavélisme encore plus loin, une arène cybernétique est présente, offrant des défis dantesques non sans rappeler ceux du Colisée. Niveau mini-jeux, oublions d’emblée ceux de Disneyland, les jouissives courses Gumi sont remplacées par des « courses folles » horribles à manier, mais on se délectera de la « chasse au commandes », sorte de Monopoli très soignée, amusant, et particulièrement utile.
Durée de vie : 19/20
Si le jeu propose quatre mode de difficultés (facile, normal, expert et critique), le premier ne donne pas accès à la fin du jeu, et le mode normal oblige à obtenir tout les rapports, chose fastidieuse sur laquelle il ne vaut mieux pas compter. À contrario, le mode expert est un bon compromit, certes difficile mais qui assure l’obtention du chapitre final et de la séquence secrète. Divisé en trois scénarios proposant trois visions de la même histoire, le jeu se boucle en approximativement 80 heures, incluant les mises à niveaux obligatoires et le chapitre final. Et face à la richesse du contenu, ce score énorme est pleinement justifié, et fait de ce jeu l’un des plus long qui soit.
Bande son : 15/20
Si la note peut paraître sévère aux vus de la beauté des musiques et du respect des musiques des univers Disney, il est important de sanctionner la fainéantise monstrueuse qui frappe le jeu. Si l’absence de doublage en français est très dommageable vu le travail exceptionnel fait sur les précédents jeux et la perte des repères qui en incombe, on pestera tout autant face à la redondance de certaines musiques, mais surtout l’absence de nouveaux morceaux. Le thème principal, certes magnifique (Simple and Clean de Utada Hikaru), n’est qu’un recyclage du générique de fin de Kindgom Hearts II, bien que logique puisqu’il s’agissait aussi de l’annonce de ce jeu. Une bande son très belle, mais qui ne surprend pas.
Scénario : 13/20
Incontestablement le gros point noir du jeu, alors même qu’il s’annonçait comme ambitieux et salvateur. On y suivra trois apprentis maîtres de la Keyblade : Terra, l’avide de pouvoir qui succombe aux ténèbres – sorte d’ersatz de Zack, d’ailleurs seul représentant des FF ; Ventus, un jeune énigmatique séparé de ses ténèbres – qui prirent une forme humaine : Vanitas – et possédant un fragment du cœur de Sora ; et Aqua, l’adulte responsable sur qui pèse le destin du monde. Chaque histoire est très différente, et toutes ne se valent pas. Terra ne fait que survoler les mondes qu’il traverse, et son destin devient vite clair : sa ressemblance avec le Xehanort qu’on connaît fait que la prise de contrôle de son corps par ce dernier n’est guère surprenante, et il y a fort à penser que DiZ n’est autre que Terra, toujours contrôlé (d’où la surveillance de Mickey). En ce qui concerne Ven, sans aucun doute le plus passionnant, son approche des mondes de Disney est intéressante, proche de celle du spectateur des films, vivant pleinement leurs histoire. Mais à son tour, son destin ne surprend pas plus, étant le sosie de Roxas. Mais d’un autre côté cela explique pourquoi ce simili est né avec un cœur (celui de Ven), et pourquoi Sora fut capable d’invoquer deux Keyblade (reflet d’un cœur) une fois fusionné. Pour ce qui est de Aqua, la plus énigmatique et intéressante, elle sert à clôturer la plupart des histoires, et est notamment l’héroïne du chapitre final, et on se réjoui à l’idée de la voir faire équipe avec Sora dans de prochaines aventures, si ce dernier arrive à la sauver. Malheureusement on aura trop souvent l’impression de ne faire que survoler les univers traversés, et l’histoire ne dévoile son potentiel réel que dans son chapitre final. On ne peux être qu’impressionné par l’effort de cohérence qui prouve que chaque lignes de l’histoire fut écrite dès l’origine de la licence, mais le fait de tout condenser à la fin est une grosse erreur.
Note Globale : 16/20
Annoncé comme le meilleur jeu de la console et la quintessence de la saga, le jeu n’est pas entièrement à la hauteur des attentes, confondant quantité et qualité. Loin d’être bluffant graphiquement, quoique très joli de par son style propre, coloré et soignée, le jeu n’est pas non plus la perle ultime de l’Action-RPG. Incroyablement riche et prenant avec ses commandes à foison et ses mixages innombrables, le jeu est aussi très aléatoire et difficile avec le manque de précision des commandes, qui doivent se recharger au moindre impact de l’ennemi – horreur suprême ! -, et cette caméra qui s’affole face aux boss trop imposants ou trop rapides. L’obligation du choix d’un mode de difficulté élevé pour voir la fin du jeu en est d’autant plus contraignante. On ne pourra même pas se délecter d’une histoire qu’on espérait être un préquel ultime, bien que l’idée de trois visions de trois personnages soit une brillante idée, rappelant un peu Chain of Memory. L’histoire étant concentrée sur les derniers instants du jeu, le reste apparaît comme d’autant plus vide. Si le jeu est franchement bon et propose un contenu d’une richesse inouïe, il ne sert qu’à gonfler un peu plus l’attente autour du troisième véritable volet des aventures de Sora, qui commence à sérieusement se faire désirer.