La Belle et la bête

La Belle et la bête
1946
Jean Cocteau

Quel événement à l’époque ! Alors que la guerre finissait à peine avec des négociations avec des acteurs encore mobilisés au front, le poète encore novice en long métrage Jean Cocteau allait entrer dans la légende avec une première adaptation de la légende de la Belle et la Bête, aujourd’hui devenue mondialement connue avec la version Disney de 1991. Le genre fantastique n’était pas en vogue, presque inédit en France, et pourtant, le film fut le plus gros succès de l’année avec 4,2 millions d’entrées. Désormais grand classique du cinéma français, le film a eu droit en septembre 2013 à une restauration, l’occasion de confronter le film à la réalité d’aujourd’hui.

Un peu divergente de la version animé, l’histoire reprend grosso modo l’intrigue de base. Ainsi, un père de famille ayant récemment fait une bonne transaction décide de demander à ses filles un cadeau qu’elles souhaiteraient avoir. Moins matérialiste et plus idéaliste que ses sœurs, Belle demanda alors une rose, cette sublime fleur si rare de par chez eux. Perdu dans la forêt à la recherche de l’une d’elles, son père découvrira un château perdu, théâtre de manifestation étranges. Mais c’est alors, coupable d’avoir dérobé une rose du domaine, qu’il tombera nez-à-nez avec son propriétaire : une immonde bête (Jean Marais). Furieux de ce geste, il réclamera au voleur sa vie, à moins que l’une de ses filles ne se dévoue à sa place. Une menace peut-être veine, mais en entendant l’histoire de son père, Belle se rendit au château de la Bête, prête à accepter son sort…

Il est probable que les spectateurs de l’époque furent émerveillés par tant d’originalité et de poésie, le château regorgeant il est vrai d’effets visuels saisissants pour l’époque, peut-être même furent-ils impressionnés et horrifiés à la vision de la bête, mais difficile de montrer autant d’indulgence à l’heure actuelle. Bien sûr, l’image ayant été retravaillée, l’œil n’est plus agressé par les sauts d’images ou les grains de pellicules, mais le bilan reste lourd, et l’aspect visuel du film est probablement le point qui a le mieux vieilli de tout le film. On peut bien sûr se moquer de la tête de chat de la bête, des innombrables problèmes de lumière ou ce son insupportable qui grésille en permanence, de même que cette musique peu inspirée, mais cela reste des limitations techniques de l’époque qui ne peuvent incriminer le film. Mais le fond est sans nuls doutes pire encore. L’histoire est navrante, incohérence, facile et si brouillonne. La logique est consternante, les réactions de chacun hilarantes et les dialogues frisent le ridicule. Plus grave encore, les acteurs – et surtout actrices – sont consternants, fragilisant un film déjà très bancal. Presque 60 ans ont passé, et le film ne ressemble plus qu’à un souvenir qu’on regrette d’avoir libéré de notre nostalgie tant c’est douloureux.

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