American Sniper
2015
Clint Eastwood
En voilà un film qui aura fait parler de lui. N’ayant jusqu’alors jamais connu de succès flamboyant au box office, l’octogénaire Clint Eastwood a fait sensation avec son film sur le meilleur sniper de l’histoire de l’armée américaine, qui connu le plus gros démarrage pour un mois de janvier aux Etats-Unis, puis a ensuite battu des records au niveau maintien, certes aidé par l’exploitation la plus large vue à ce jour pour un film classé R (interdit aux mineurs non-accompagnés). Au final le film est devenu de très loin le plus gros succès de tous les temps pour son réalisateur, mais aussi pour un film de guerre, ayant terminé sa course à un astronomique 350 M$ à domicile, pour un cumul mondial de 543 M$, explosant là encore le record du réalisateur hors USA grâce à des pays comme la France, ayant fait plus de trois millions d’entrées (bien qu’en deçà de Gran Torino). Mais plus impressionnant encore, quoique peu surprenant vu la razzia passée de Démineur, le film a aussi brillé par de prestigieuses nominations aux Oscars, bien qu’à cause de polémiques sur son incitation à la haine il n’en ressorti qui’avec un prix technique. Comme quoi, beaucoup de bruit pour rien.
Ainsi donc, comme dit précédemment, le film est un biopic sur l’histoire de Chris Kyle (Bradley Cooper), l’homme qui s’avérera être le plus redoutable sniper de l’histoire, ayant tué plus de 200 hommes durant ses années de service. Simple texan bien bouseux qui se complaisait dans son trou, il va un jour prendre conscience de la menace terroriste et décider de s’engager chez les SEAL, élite de la Navy. Le film raconte donc son expérience militaire, mais aussi son semblant de vie normale au travers de son mariage avec Taya (Sienna Miller), rythmé par d’interminables missions d’abord motivées par le sens du devoir, bien vite balayé par l’adrénaline du terrain.
Pourquoi tant de battage sur ce film ? Racoleur par son tonitruant succès et la potentialité de prix étourdissants, ce film n’est en réalité qu’un banal film de guerre comme il en existe des centaines, aussi bon soit-il. La réalisation est efficace mais classique, les acteurs bons mais pas spectaculaires, et le rythme est soutenu mais le film est un chouia long. La façon de montrer comment cet homme est devenu un sanguinaire soldat d’exception est intéressante, mais ça reste un gros con d’américain qui bêle comme un bon mouton, et le portrait qu’on dresse de lui, en dehors du plan militaire, est peu flatteur. Il a toujours été un amant merdique, toujours absent, et la guerre l’a rendu encore plus fou. Néanmoins, il est vrai que l’aspect psychologique est très bien traité, et la scène du barbecue est saisissante. De même, il faut bien avouer que le stress est haletant, la tension bien réelle, et certaines scènes nous happent, à défaut de réussir à nous choquer malgré de vaines tentatives. La mystification du personnage ne marche en revanche pas complètement, et il ne saura détrôner Shooter – tireur d’élite de son titre de référence du genre. Reste que de tous les innombrables films sur la guerre en Irak, celui-ci est un peu plus subtil et intéressant, bien que toujours orienté propagande lourdingue, mais on est loin de la référence absolue qu’on nous vendait.