The Gambler

The Gambler
2015
Rupert Wyatt

Malgré un succès modeste aux Etats-Unis au Noël dernier, le film n’est pour ainsi dire pas sorti de ses frontières, et il débarque enfin en France, mais sans passer par la case cinéma. Et il aurait été dommage d’en être privé plus longtemps tant cette réadaptation de Dostoïevski prouve non seulement que les remakes sont parfois une bonne chose, mais qu’en plus Mark Wahlberg, qui a perdu trente kilos pour le rôle, est encore capable de faire autre chose que des comédies lourdingues et des gros blockbusters commerciaux.

Être né dans le luxe, ça rend les choses évidemment plus faciles, mais on perd alors la récompense du labeur. Pour Jim (Mark Wahlberg), c’est un peu le drame de sa vie : à force de tout avoir il a perdu goût à tout. Bien nanti, beau, intelligent, romancier reconnu et professeur d’université de renom, il avait absolument tout dans la vie, mais la seule chose qui le motivait vraiment, c’était perdre. Perdre des sommes astronomiques au jeu, s’endetter au près de mafieux dangereux, et laisser courir la créance. Après une autre soirée comme il les aime, son prêt dépassait la barre du quart de million de dollar. Au pied du mur et souhaitant rembourser en s’endettant encore plus, il va alors se tourner vers Frank (John Goodman), le plus dangereux de tous les mafieux du coin. Un parieur, ça ne sait jamais quand il faut s’arrêter.

S’il y a bien un sujet avec lequel on ne se trompe jamais, c’est bien celui du monde de la nuit des casinos. Voir des sommes vertigineuses sur la table, capables de changer votre vie à jamais, ça fait rêver, mais il ne faut jamais oublier que le casino gagne toujours. Un art dans lequel le film est maître, négociant le suspens des cartes à la perfection, et on est littéralement happé par l’ambiance. Mais d’un autre côté, le héros laisse perplexe au début à force de ne jamais s’arrêter, comme si la somme sur la table l’indifférait, et qu’il attendait simplement le moment de la délivrance où le croupier gagne. Une touche d’étrangeté se mêle donc au film, mais qui s’appréhende au fur et à mesure et devient au final un véritable atout tant ce héros torturé est intéressant, et son absence de limite et son côté quasi suicidaire donne un jeu original, d’autant que parfaitement géré. Mais un autre univers non moins intéressant s’ajoute au précédent : celui de l’université. Voir un prof dire ses quatre vérités aux élèves, faire preuve d’autant de franchise et d’authenticité, c’est tellement rafraîchissant. Plus encore, la romance avec la spectaculaire Brie Larson est une franche réussite, permettant d’amener une évolution secondaire au scénario donnant le change et nourrissant l’imaginaire du spectateur qui peut alors entrevoir plus d’options. Drôle et intense, le film réussi avec brio cette plongée dans un esprit torturé qui fonce vers le monde le moins accueillant qui soit. Un film original et maîtrisé de bout en bout.

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