Jurassic World

Jurassic World
2015
Colin Trevorrow

C’était il y a 22 ans, l’un des plus grands réalisateurs de l’histoire donnait vie au roman de Michael Crichton dans un film d’aventure magnifique, Jurassic Park, qui avait alors engrangé pas moins de 910 M$ dans le monde (et 1.03 milliard avec la ressortie 3D). Un bijou révolutionnaire qui grâce à des animatroniques avait redonné vie de façon réaliste et spectaculaire aux dinosaures, et qui reste encore auréolé d’une nostalgie tenace, étant pour beaucoup l’un des meilleurs films de leur enfance. Une première suite, Le Monde perdu, avait réussie sans trop de heurt à entretenir la flamme, mais le troisième volet, au scénario inexistant et à la direction artistique bien moins inspirée, fit plonger la saga, désertée par les fans. Une plaie qui mit longtemps à cicatriser puisqu’il aura fallut attendre près de 14 ans pour revoir nos dinos pointer le bout de leurs écailles. Le rendez-vous se devait d’être à la hauteur vu l’attente ahurissante, et c’est globalement mission réussie.

Mix entre remake, reboot et suite du tout premier film de la saga, le film prend place vingt ans après la tentative de John Hammond de créer un parc à thème sur des dinosaures ramenés à la vie par clonage, reprit par Masrani (Irrfan Khan) qui a battit Jurassic World sur les ruines de l’ancien parc. Mais cela fait déjà un bout de temps que le monde s’est acclimaté aux dinosaures, et l’intérêt du parc est constamment remit en cause, forçant les responsables à redoubler d’effort pour maintenir la curiosité et l’émerveillement du public. Responsable du parc, Claire Dearing (Bryce Dallas Howard) a donc chargé son équipe d’élaborer l’Indominous Rex, nouvelle créature plus terrifiante et plus imposante que le T-Rex, et son inauguration était prévue pour bientôt. Mais testant constamment les failles de son enclot, l’animal va finir par réussir à s’échapper, lâchant une menace sans précédent sur le parc, possédant quelques 22 000 visiteurs, et potentiellement autant de victimes…

Dans l’ensemble les critiques sur le film sont plutôt très bonnes, et à en juger par le démarrage stratosphérique (approximativement 400 M$ sur ses cinq premiers jours, dont un démarrage ahurissant à 208 M$ aux Etats-Unis sur le seul weekend) qui garanti au film une fin de course bien au delà du milliard (quasi 1,7 au final), en faisant déjà le troisième de l’année, l’avenir de franchise semble radieux, ouvrant un pont d’or pour les deux suites déjà programmées, en espérant que contrairement aux productions actuelles, cela ne prenne pas plus trois ans. Pourtant, si le film se défend effectivement pas mal et assure le spectacle, difficile de sauter au plafond en criant de joie. Certes, on voulait voir nos amis les dinosaures remit au goût du jour, profitant de la grosse décennie d’énormes progrès technologiques, mais on voulait surtout du renouveau, ce qui n’est clairement pas le cas. En proposant une histoire banale de visite du parc avec la menace d’une ou plusieurs créatures en liberté, le film lorgne assez largement du côté de l’original, sans apporter tout ce qu’on souhaitait.

On a majoritairement deux point de vue de l’histoire : celui de deux adolescents (dont la mère est incarnée par Judy Greer) qui découvrent le parc, l’un blasé l’autre surexcité, copiant les petits-enfants du premier, avec en plus une parenté avec la responsable ; et celui de Owen (Chris Pratt), un dresseur de vélociraptors (tout comme Omar Sy, invariablement simple figurant) inquiet par la politique menée par le parc, qu’il juge contre nature et poussant trop loin les limites sans être capable d’en prédire les conséquences (une philosophie à la Malcom, personnage clef des deux premiers films). Donc l’histoire de base est similaire, et les personnages sont à peu près les mêmes, avec la sublime Bryce Dallas Howard qui joue les femmes fortes et badass au milieu de tout ça, bien qu’elle ait commencé comme femme d’affaire coincée et impersonnelle. Même les plans sont les mêmes par moment, avec la bulle qui remplace la jeep. L’originalité est donc en berne, et le principe même du film repose sur une connerie (pourquoi être sorti par la grande porte et non la petite utilisée pour entrer ?), mais le film reste tout de même bon.

Les effets spéciaux sont au top, les dinosaures plus beaux et réalistes que jamais (même si certains polémiquent sur leur intelligence, alors que personnellement ils me font penser, surtout les vélociraptors, à des border collie, avec un quart de bosseron, soit relativement intelligents et beaux mais surtout vachement couillons et imprévisibles), la réalisation est efficace, les musiques recyclées toujours sublimes, le parc magnifique, quoique pas assez présenté dans sa grandeur, et les nouvelles bébêtes sont classes. Le coup du dressage des raptors est génial (et crédible, contrairement à l’idée militaire, économiquement pas forcément viable et à l’efficacité toute relative), et l’affrontement final a de la gueule, même si on espérait plus. Un excellent remake, mais une suite un peu décevante faute d’imagination. Sans doute fallait t-il reposer les bases de l’univers pour repartir sur de nouvelles, mais les suites ont vraiment intérêt à se renouveler, car personnellement il m’en faut plus pour réellement me convaincre, et à ce jour Le Monde perdu est la seule suite à avoir tenter quelque chose de différent, ce qui n’est pas des plus rassurants.

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Une réponse à Jurassic World

  1. Julien dit :

    Perso, j’ai trouvé JP3 meilleur que le 2 que j’ai trouvé prétentieux et (donc) insupportable. Le 3e opus avait forcément un moins bon scénar que les deux premiers puisque non basé sur le bouquin de Crichton. En revanche, la direction artistique et la distribution étaient d’un meilleur niveau.
    Quant à ce 4e volet, ils ont eu entièrement raison en prenant aucun risque (même scénar que le 1er film, à quelque-chose prêt, et surtout références à foison à l’aîné). Ils ont assuré le spectacle en offrant au spectateur ce qu’il voulait voir : non pas une troisième suite à JP, mais bien une 4e fois JP. Et puis surtout, Bryce Dallas Howard >>>>>>> Laura Dem sur absolument tous les plans. Je ne sais pas toi, mais la scène où on la voit pour la 1ère fois dans le film m’a marquée.
    Bon, après, LA meilleure scène du film reste celle dont tu as tiré ton illustration.
    Je n’ai pas vu le film en 3D parce que dans mon ciné, c’était VOST3D ou VF2D. Pour ce genre de film, je n’ai pas hésité. Y’aurait eu VF3D, bon, pourquoi pas.
    Bref, tout ça pour dire que même en 2D, cette scène est à couper le souffle !
    Ah, et contrairement à tout préjugé, j’ai trouvé Omar Sy pas si mauvais.

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