La Mémoire dans la peau
2002
Doug Liman
Alors que le genre des films d’espions semblait désuet, ringard, une trilogie adaptée des best-seller de Robert Ludlum vint bouleverser la donne, connaissant un succès croissant de film en film avec à chaque fois la même acclamation critique. Après un spin-off pas forcément très abouti mais efficace, Jason Bourne – l’héritage, un quatrième opus débarque ce mercredi dans nos salles, l’occasion de revenir sur l’une des plus grandes saga du genre.
Un cadavre balancé dans la mer avec deux balles dans le corps, voilà tout ce qu’il restait de Jason Bourne (Matt Damon). Repêché par un bateau marchant qui passait par là, il ne se souvient plus de rien, même pas qui il est. La seule chose retrouvée sur lui est une puce avec un numéro de compte d’une banque Suisse, ce qui lui permettra de découvrir son nom, mais pas pourquoi son coffre contenait aussi divers faux-passeports, une arme à feu et beaucoup d’argent en liquide. Va alors démarrer un jeu de piste à la recherche de son identité, auquel participera malgré elle une certaine Marie (Franka Potente) qui aura fait l’erreur de faire office de chauffeur à un homme apparemment très recherché.
Difficile d’imaginer meilleure immersion pour une telle histoire : de même que le spectateur découvre les différents personnages et l’intrigue, le héros ne connaît lui-même en amont strictement rien ni personne, nous mettant exactement dans la même situation. Le film part alors du principe qu’on peut oublier qui l’on est, mais pas ce que l’on est. La mémoire lui joue des tours, mais ses aptitudes d’ancien agent secret sont toujours là, de même que ses réflexes qui lui seront d’un grand secours. On ne sait alors pas pourquoi il est recherché ni qui le recherche, tout juste aura t-on une vague idée de l’ampleur de la tâche qui l’attendra dans ses prochaines aventures. Le doute quand à l’idée d’une trilogie dès le départ n’est pas permis quand on constate l’absence de certaines réponses (rôle de certains personnages inutilement surexposé, le sac laissé en consigne ou encore l’histoire des migraines et de Treadstone). Un premier film entouré de mystère et qui, en dehors de son idée première, est assez classique, mais le héros a une prestance indéniable, son handicap renforce l’intérêt et les séquences d’action sont particulièrement efficaces. De plus, certaines scènes comme l’évasion de l’ambassade en Suisse sont une véritable claque en matière d’efficacité. On retrouve en prime un gros casting entre Chris Cooper, Clive Owen, Brian Cox et Julia Stiles. Bref, une formule vieille comme le monde mais qui se trouve un axe original, un style sympathique, efficace et on passe un très bon moment.