Le Royaume interdit
2008
Rob Minkoff
Parce que les films d’arts-martiaux ça va bien cinq minutes mais rares sont ceux ayant la profondeur d’un Ip Man, j’avais snobé ce film en son temps, loin d’avoir prit la mesure de son potentiel. En mars dernier sortait The Warriors Gate, un film apparemment très inspiré du concept de celui-ci, et comme sa sortie en salle fut marginale et que le DVD n’est toujours pas disponible, je me suis finalement rabattu sur l’original. Finalement non, selon ce que l’on en fait, l’idée n’était pas si bonne.
Américain de 17 ans du XXI° siècle, Jason (Michael Angarano) était passionné de films d’arts-martiaux et connaissait tout de la culture asiatique, passant ses journées à Chinatown dans une boutique spécialisée. Un jour, le gérant du magasin va lui confier une tâche primordiale : ramener un bâton à son propriétaire. De qui s’agit-il ? Nulle autre que le Roi Singe (Jet Li) en personne, personnage mythique du folklore chinois. Jason sera alors téléporté dans la Chine médiévale, à l’époque sous le joug de Jade, le seigneur de la guerre et ennemi juré du Roi Singe. Pour l’aider à rapporter le bâton magique, libérer son propriétaire de son sortilège et sauver le peuple chinois, le moine T’sa-Ho (Jackie Chan) lui prêtera main forte.
Le film vendait clairement du rêve en barre : deux légendes du cinéma d’arts-martiaux réunis pour une plongée dans la fable la plus célèbre de Chine. Mieux encore, le choix narratif pour nous faire vivre cette histoire est le plus immersif possible puisqu’il positionne un héros banal et contemporain qui se retrouve lui-même propulsé dans la grande histoire. Cela donne un côté Karaté Kid au film, et ce n’est pas une mince référence. Seulement trois problèmes majeurs viennent gâcher la fête : trop de combat tue le combat, la téléportation dans l’ancien temps n’a aucun sens et l’histoire qu’on y découvre est décevante. Au lieu de simplement s’imprégner de la culture et de l’ambiance, on nous fait revivre un conte farfelu ponctué de divinités, magie et prophéties sortant de nulle part. C’est ultra stéréotypé, maladroit et confus. On frise par moment le théâtre de guignols. Certains paysages sont magnifiques et le confortable budget permet d’éviter de sombrer totalement dans de la série B caricaturale, mais on en est tout de même pas loin.