Total Recall

Total Recall
2012
Len Wiseman

Douze ans après le cultissime film Total Recall qui avait impressionné par sa cohérence et son ambiguïté permanente et surtout son implaquable logique scientifique, le créateur de la saga Underworld, Len Wiseman, revisite l’œuvre de Philip K. Dick. Si ses films ne sont pas catastrophiques, il faut tout de même reconnaître que chacun de ses passages dans une saga est synonyme de piètre qualité. Mais bon, avec un aussi bon sujet et 125 millions $ de budget, ça ne peut être qu’énorme ?

Si fondamentalement l’histoire reste là même, le contexte change radicalement dès le début : exit Mars. Suite à des guerres bactériologiques, l’atmosphère d’une grande partie de la planète est devenue irrespirable. Tous sauf l’Angleterre, un bout de la France et une colonie : l’Australie. Et comme pour Mars, cette colonie est aussi sujette à une révolte menée par un certain Matthias (Bill Nighy). Lâché dans ce contexte pesant, Douglas Quaid (Colin Farrell) mène tranquillement sa vie d’ouvrier avec sa femme (Kate Beckinsale). Mais tout cela ne lui convient pas et il rêve d’être quelqu’un qui compte, qui pourrait changer l’équilibre des choses. Malgré les risques cérébraux, il ira tout de même à Rekall, une société de rêve, pour tenter d’y voir plus clair. Il commande alors une vie d’agent secret double où il reverrait la fille de ses nuits : Melina (Jessica Biel).

Là où le premier film nous laissait avec un décalage pour créer une ambiguïté sur la situation – est-il entrain de rêver ? -, le film nous laisse clairement entendre que tout est réel sans jamais en démordre. Même la fin, clairement ouverte dans le premier, ne laisse pas bien de doutes quand à la situation. Et si fondamentalement la trame est respectée, un gros faussé sépare les deux version : la science. Alors que la mission martienne était inattaquable tant sa cohérence était parfaite, on assiste ici à du grand n’importe quoi. Mars n’est pas crédible, qu’à cela ne tienne, l’action se déroulera dans un monde post-apocalyptique où les zones d’air sont immuables et où la Terre est traversable. En effet, pour passer de la Grande Bretagne à l’Australie, les personnes empruntent une sorte de métro qui passe par le centre de la Terre, soit un tunnel de plus de 6000 km qu’ils parcourent en 17 minutes, soit plus de 21 000 km/h, surtout si on prend en compte l’improbable « changement de pesanteur ». Pourquoi utiliser des avions quand on peut forer un tunnel aussi long et le recouvrir de métal supportant le cœur en fusion de la planète ? En tout cas, escalader le transporteur à cette vitesse ça doit piquer au niveau des bras. Et puis bon, une atmosphère toxique qui respecte les zones habitables et qui nous laissent tranquille dès qu’on a un masque (pas de virus s’attaquant aux blessures, pas de ça chez nous !), c’est quand même vachement sympa. Ah la la… Et quitte à balancer autant d’argent, pourquoi faire un film aussi moche ? Y’a quand même mieux que de vilaines favelas surpeuplées sous la pluie. Et niveau originalité pour la colonie, on repassera. Côté acteurs, c’est juste lamentable, particulièrement Kate Beckinsale qui est insupportable. Le casting est agréable à l’œil mais question du jeu, c’est autre chose… Heureusement, ça reste très Hi-tech, et par moment visuellement beau, et la dose d’action permet de ne pas sombrer dans l’ennui. Et encore, ça reste en deçà de son modèle. En fait, le film est même pas trop mauvais niveau divertissement. Le problème, c’est quand on le compare avec son prédécesseur. De ce point de vu là, le film n’est pas justifiable.

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