Ciseaux, lames de rasoirs, taillades de veines ! Qui n’a pas sa fiole de cyanure ? Attentions mesdames et messieurs, promotions exceptionnelles sur les cordes et les fenêtres ! Pour qui connait cet immense réalisateur qu’est Danny Boyle, ça n’est pas un secret : c’est un grand malade ! Si avec lui on peux gagner gros, ça n’est pas sans heurt (Slumdog Millionnaire). On peux y perdre son bras (127 heures) et même des villes entières (28 semaines plus tard). Ici, c’est ni plus ni moins que la Terre entière qui est menacée !
Le film se déroule à l’horizon 2057, alors que la Terre agonise sous le froid et perd son énergie, privée de son astre. Notre soleil se meurt et sans lui la vie disparaîtrait. Pour pallier à sa décadence, une mission appelée ICARUS avait pour projet de lancer une ogive massive à la surface du soleil pour le raviver, mais le vaisseau n’a jamais atteint sa destination. Sept ans après, ICARUS II est chargé de la même mission, dernier espoir de l’humanité. Les sept scientifiques à bord (avec parmi eux Chris Evans, Cillian Murphy et Rose Byrne) embarquent en effet l’ensemble des dernières charges explosives de la Terre, représentant la superficie de Manhattan. Mais à l’approche du soleil, alors que les contacts radio ne sont plus possible, un choix de changement de trajectoire mettra la mission en péril…
C’est une réalité : notre soleil s’éteindra. Certes, son avenir proche sera calme, mais d’ici cinq milliards d’années, il se sera épuisé. Mais de toute façon, notre noyau terrestre sera vide bien avant, et notre Terre rejoindra le cercle des planètes dites « mortes ». Les progrès de la sciences permettront-ils de sauvegarder notre espèce dans une autre galaxie ? C’est possible, mais peu probable. De toute façon, une maladie ou une guerre atomique pourrait avoir raison de nous bien avant que la fatalité nous rattrape, et ces lignes disparaîtront à leur tour. C’est un peu ça le message du film : pourquoi lutter face à une mort inéluctable ? Pourquoi lutter face à l’ordre des choses ? D’une rare qualité graphique, le film nous embarque dans sa psychologie, aussi poussée que déprimante. Le rapport au soleil, considéré comme une divinité, – ce qui est plutôt censé puisqu’il est la source de notre vie – et tous ses jeux de lumières donnent au film une réelle identité et une grande originalité. Le principe du voyage spatial n’est pas tellement novateur, mais son objectif l’est, et son approche scientifique est particulièrement soignée et réaliste. De plus, l’excellent casting permet au film d’obtenir toute l’ampleur nécessaire à sa cohérence. Un voyage philosophique effrayant qui marquera les esprit à jamais. Néanmoins, pour pallier à la dépression post-film quasi obligatoire, mieux vaut se réserver de bonnes vacances dans un endroit plein d’arbres, où le ciel est recouvert de nuages et où les gens foisonnent (bel exemple d’oxymore). Et si vous vous réveillez un matin et qu’il fait particulièrement beau, dites vous que des gens sont morts.