Sixième Sens

Sixième Sens
1999
M. Night Shyamalan

À journée exceptionnelle (la commémoration de la naissance d’un dieu), film exceptionnel. Voilà un film qui aura su marquer les esprits. Si aujourd’hui M. Night Shyamalan est tombé en décrépitude, il a connu les stratosphères du boxe-office et des critiques : acclamé unanimement et chaleureusement, le film a engrangé un astronomique 293 M$ aux Etats-Unis, 673 M$ dans le monde, dont 7,75 millions d’entrées en France. Mais plus d’une décennie plus tard, que reste t-il du phénomène, surtout en connaissant l’envers de l’histoire ?

Comme le titre le laisse entendre, on sera témoin d’une manifestation d’un sens d’un nouveau genre. Spécialiste en psychologie infantile, le docteur Malcolm (Bruce Willis) se remet au service après un accident impliquant un ancien patient qu’il n’a pas réussi à sauver. Il s’est vu confié le jeune Cole (Haley Joel Osment), qui souffre de grave problèmes d’hallucinations et de schizophrénie sévère. Subissant des mutismes, constamment effrayé, Cole vit un cauchemar. De jour comme de nuit, ses visions sont hantées par des images d’horreur : il voit des gens qui sont morts.

De deux choses l’une : soit vous voyez le film pour la première fois, inculte que vous êtes, soit il s’agit d’une relecture de cet incontournable. Dans les deux cas, le film a la même portée. Pas vraiment de surprises en perspectives, sauf peut être sur la fin, donc rien qui ne gâcherait une revisite, au contraire. En connaissant déjà certains faits, le spectateur aura la chance d’observer un maître à l’œuvre, ne laissant rien au hasard. Tout est savamment orchestré pour faire coexister le doute et la certitude, et le film ne commettra pas la moindre erreur de cohérence : une force rare. Mais au final, le scénario brille plus par sa profondeur que par son originalité, et met un peu trop de temps à entrer dans le vif du sujet, et ne le traite donc pas suffisamment. Un temps qui sert à faire monter crescendo le stresse, mais qui aurait largement pu être amoindri. Heureusement, la crédibilité de la situation et l’intelligence de la mise en scène font qu’on sera constamment happé et angoissé face à l’inconnu. Une cohésion en grande partie due au travail irréprochable de Bruce Willis, bien que largement ombragé par la révélation Haley Joel Osment, particulièrement convaincant. L’absence de récompenses aux Oscars est d’autant plus incompréhensible. Mais qu’importe, la reconnaissance d’un film ne se lit-elle pas sur le visage illuminé de ses spectateurs ? Certes, le film est loin d’être parfait et on aurait aimé un peu moins de spéculation et plus de terreur, mais l’exercice de style est prodigieux, maîtrisé intelligemment, et interprété avec classe et talent.

Ce contenu a été publié dans Cinéma, Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *