A l’aube du 6ème jour

A l'aube du 6ème jour
2000
Roger Spottiswoode

Dans un futur « pas aussi lointain que ce que vous pourriez imaginer », le film prend place dans un monde d’assistés, où chaque action est automatisée, les rasoirs laser, les voitures autonomes, les frigos auto-réalimentés, et où l’argent réel n’est plus qu’un vague souvenir, remplacé par des paiements digitaux. Les progrès de la science sont aussi énormes : la culture du clonage permet la création facile des organes humains et permet même de remplacer son animal de compagnie une fois mort en réimplantant ses souvenirs dans un corps neuf modélisé. Mais ces pratiques sont polémiques et son extension à l’humain lui-même est prohibée, légiférée sous la mention « amendement du 6ème jour », en référence à la bible et notre création.

Dans ce nouveau monde où le principe de vie est désacralisé, Adam Gibson (Arnold Schwarzenegger) mène tranquillement sa petite vie de banlieusard avec sa femme et sa fille, gagnant tranquillement sa vie en pilotant son hélicoptère pour les riches skieurs avec son meilleur ami Hank. Mais un jour, alors qu’il avait la charge de conduire Michael Drucker, le président de la société de clonage en charge des greffes et de Re-Peet (jeu de mot avec repeat, pour dire qu’ils refont votre animal), un militant anti-clonage tua le président et le pilote. Ça aurait dû être Adam, pour des raisons de contrat, mais c’est finalement Hank qui le remplaça, se faisant passer pour Adam. Pour éviter que l’histoire ne se répande, la société, qui effectue en cachette des clonages humains, remplaça alors le normalement mort Adam. Mais à peine eurent ils compris leur erreur, et tenté d’y remédier en tuant l’original, qu’il s’échappa, mettant en danger leur organisation secrète.

La première chose qui frappe dans ce film, c’est sa vision futuriste de notre société de consommation, partisane du moindre effort. Il est tout à fait possible que d’ici quelques décennies le foyer moyen sera doté de tels objets d’assistanat. En revanche, notre connaissance du cerveau est trop faible pour permettre d’extraire clairement nos souvenirs de notre cortex cérébral, tout juste peut-on modélisé partiellement nos rêves. On devra attendre sans doute plus d’un siècle pour voir émerger de tels progrès médicaux. Mais une chose est sûre, l’univers du film est réaliste et plausible, et le scénario fait que le déroulement est implacable et parfaitement logique. Le budget plus que confortable (82 millions de dollar) permet au film un visuel de qualité, renforçant l’immersion. Un bon film de science-fiction bien pensé. Mais la principale qualité du film est sans le moindre doute sa portée philosophique. Si on clone un être humain mort, est-ce une réincarnation ? L’âme est-elle dupliquée ou n’est-ce qu’une abomination ? Mais qu’en est-il quand le clone côtoie l’original ? Un clone peut-il être assimilé à un être humain ? La mort n’est-il qu’un vide absolu où la conscience de soit n’existe plus, réduisant notre passage sur Terre à une donnée insignifiante de l’espace-temps ? Tant de questions qui débouchent sur un constat sans appels : le clonage ne représente pas la continuité de la vie mais une variante. Un sentiment de mal-être se dégage du film, et en rebutera sans doute plus d’un. Un tord assurément : le film est une véritable perle intellectuelle.

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