Hippocrate
2014
Thomas Lilti
Très beau succès de fin d’année, le film a réussi l’exploit d’attirer neuf-cent mille spectateurs dans la période la plus creuse de l’année, le mois de septembre. Porté par un maintient excellent et un bouche-à-oreille non moins formidable, le film se veut comme une plongée réaliste dans le dur quotidien des internes d’un centre hospitalier.
Après la théorie, la pratique. À 23 ans Benjamin (Vincent Lacoste) va entrer comme interne dans l’hôpital de son père (Jacques Gamblin), intégrant le service de traitement des malades, mais les choses ne vont pas très bien se passer. Face à la mort, au doute et aux responsabilités écrasantes, sans compter le cruel manque de moyens et de personnel, la pression sera énorme. De plus, avec son asociale collègue Abdel (Reda Kateb) toujours sur son dos et ne se posant jamais aucune question logistique ou économique, le poids de la morale va l’achèver. La solitude face à un défis insurmontable.
Un film réaliste, peut-être, mais est-ce suffisant pour nous intéresser ? Difficile de rester complètement hermétique face à ce milieu, mais il est au final semblable à tous les autres. La pression hiérarchique, le stress de l’erreur, des mécontentements, la peur de la mort : des enjeux propres au monde du travail en général, donc rien de bien novateur. En revanche, là où le film se démarque un peu plus, c’est qu’il change de personnage principal en cours de route. Le film est raconté selon le point de vu de Benjamin au début, puis bifurque sur celui de Abdel ensuite, inter-changeant entre les deux sur la fin. Un choix narratif assez efficace, d’autant que les deux hommes sont sensiblement différents dans leurs comportements et leurs appréhensions du travail. Côté humour le film marque quelques bons points, mais pas de quoi se fendre les côtes. Un film relativement intéressant et bien fait, mais ça ne m’a personnellement pas tellement parlé.