Seven Sisters

Seven Sisters
2017
Tommy Wirkola

Si les ventes de dématérialisé représentent une part du marché un peu plus importante qu’avant, le plus gros des recettes d’un film se fait toujours lors de la sortie en salle. Avec Netflix, le passage par la case cinéma ne pouvait plus se faire à cause de notre chronologie des médias, et même dans les pays où une sortie simultanée entre le service de vidéo à la demande et les salles obscures serait possible, cela ne se fait que de façon marginale. Pour cette production de science-fiction, thème pas forcément très porteur, d’autant plus sans acteurs bankables, la sortie française semblait ne pas pouvoir peser bien lourd, mais ce fut pourtant l’un des plus gros succès de cette fin d’été avec près d’un million et demi d’entrées. Un engouement pour une fois assez mérité.

Le film se déroule dans un futur assez proche proche où la surpopulation a atteint un niveau tout simplement ingérable. La création de champs agricoles enrichis n’a pas suffit à stopper la famine, et pire encore, les modifications génétiques sur les aliments ont conduit à la prolifération des naissances multiples, le taux de jumeau, triplets, quadruplets voir plus ayant explosé. Pour endiguer le problème, l’entreprise de Nicolette Cayman (Glenn Close) a trouvé une solution temporaire : cryogéniser les enfants à la naissance pour n’en garder qu’un, l’enfant unique. Incapable de se séparer de ses sept filles, une jeune mère va confier à son père (Willem Dafoe) la charge de les élever et de les cacher, les Siblings (nom donné aux enfants non autorisés) étant traqués et arrêtés. Officieusement baptisées chacune comme un jour de la semaine, en dehors de leur foyer elles revêtiront toutes la même apparence, celle de Karen Settman (Noomi Rapace), sortant chacune le jour de leur prénom. Un système infaillible durant trente ans, mais un beau jour Lundi va disparaître. Mais que lui est-elle arrivé ?

Si l’univers dystopique décrit est assez classique – et pour cause, il pose des questions essentielles sur notre futur et les thèmes les plus importants sont souvent les plus récurrents – le concept du film est quant à lui bien plus original et aguicheur. Une seule actrice, une seule identité mais sept personnes réelles avec chacune une particularité physique mais surtout morale. D’un simple coup d’œil on peut identifier la personnalité de chacune, abusant pour ça de quelques clichés entre la lesbienne refoulée, la nympho, la sportive ou l’intello geek, mais le talent de l’actrice est si grand qu’on lui accorde d’emblée toute notre crédibilité. La prouesse technique est aussi pour beaucoup dans l’immersion, arrivant à créer jusqu’à sept clones sur certains plans, une illusion indiscernable. Le principe n’est d’ailleurs pas que poudre aux yeux, l’écriture des personnages est très poussée et le concept encore plus, nous réservant de « belles » surprises. L’histoire est dans sa globalité bien plus prévisible, mais il n’empêche que le film ménage particulièrement bien ses effets en misant sur une violence physique et morale très déstabilisante. Mieux encore, le film est pêchu, très beau visuellement avec quelques plans mémorables, et l’ambiance futuriste est pleinement maîtrisée. De l’excellent travail, même si on aurait aimé un scénario un peu plus complexe sur le fond et moins sur la forme, de même que l’extrême violence en rebutera plus d’un. On est même au dessus du traumatisme de l’épisode 8 de la saison 4 de Game Of Thrones pour ceux qui se demandent.

Disponible aussi en vidéo complémentaire :
https://www.youtube.com/watch?v=QhaaTSpIF8M

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