The Last Girl – Celle qui a tous les dons
2017
Colm McCarthy
Un genre n’est figé que si personne n’est décidé à le faire changer. Quand on parle de zombies, les gens pensent immédiatement au style horrifique ou aux films d’actions bourrins où ça dézingue à tout va, mais pourtant ça peut être tellement plus. Bienvenue à Zombieland nous montrait le potentiel comique du sujet tandis que Warm Bodies prouvait qu’une romance décalée avait tout à fait sa place. Cette fois le but n’est pas de casser les codes mais de les faire évoluer avec une nouvelle approche.
On l’oubli souvent, mais dans notre histoire c’est la nature qui a causé le plus de morts parmi les êtres humains entre les différentes maladies. Une fois de plus, la nature s’est retournée contre nous : la prolifération des perturbateurs endocriniens ont donné naissance à un champignon capable de prendre possession des hôtes pour qu’ils attaquent les non-infectés, pouvant répandre les germes via les sécrétions corporelles (sang, salive, sexe). Avant de comprendre ce qu’il se passait et d’où venait la menace, l’écrasante majorité de la population fut contaminée et les quelques survivants se sont terrés dans des bunkers militaires. En Angleterre, dans la base du sergent Eddie (Paddy Considine), le docteur Caldwell (Glenn Close) travaillait sur un vaccin, se servant pour cela d’un type de cobaye très particulier. En effet, les fœtus de mères infectées ont développé une symbiose avec le champignon, étant à la fois contaminés et toujours conscient d’eux-même selon les apparences. Pour les militaires et l’équipe de recherche les enfants ne sont plus des humains et leur comportement « normal » n’est qu’un mécanisme de défense du champignon, mais malgré la mise en garde le professeur Justineau (Gemma Arterton) va tout de même se lier d’amitié avec l’une des enfants dont elle gère l’éducation. Suite à une attaque d’infectés sur la base, le sergent Eddie, deux de ses hommes, le docteur Caldwell, madame Justineau et sa jeune protégée vont se retrouver à devoir survivre seuls dans une zone non sécurisée et hautement dangereuse.
L’approche du film est très originale et ressemble beaucoup à celle des Âmes Vagabondes où l’invasion extraterrestre se faisait par prise de contrôle d’un hôte humain. Ici le concept est adapté à une épidémie planétaire transformant en zombie, avec en prime l’incertitude de la réalité de conscience des personnes pouvant très bien être le fruit d’une évolution conjointe. Si l’enfant n’a pas conscience de la menace, il ne cherche pas à lutter contre, expliquant peut-être la différence, mais il est aussi possible que le champignon est lui-même une conscience, agissant soit à la place de l’enfant ou au contraire l’aide t-il à s’épanouir en choisissant délibérément de le laisser maître de son corps. Impossible de trancher sur la question puisque la communication passe toujours par un hôte, mais le film semble plutôt prendre partie pour l’une des possibilités. Plus encore, le film a imaginé une autre solution de survie pour le champignon face à des hôtes pouvant mourir faute de nourriture (à force de se bouffer les uns les autres les non-infectés se font rares), et l’idée est une véritable trouvaille logique et implacable en plus d’être visuellement géniale. Côté visuel le film est excellent d’ailleurs, ayant trouvé des villes entières, complètement abandonnées et où la nature a reprit ses droits depuis longtemps, nous offrant des décors saisissants. Même en terme de réalisation le film fait clairement le boulot avec quelques séquences bien sympas. Et puis bien sûr il y a le scénario. Si on prend séparément chaque idée ça n’a rien de révolutionnaire, mais l’enchevêtrement des thèmes est efficace et souvent surprenant. Très bonne surprise donc, arrivant à apporter une vision fraîche et profonde à un sous-genre injustement snobé par les simples d’esprit.