Les Indestructibles 2
2018
Brad Bird
Acclamé par la presse et les spectateurs, Les Indestructibles a marqué une bonne partie de sa génération, sauf moi pour qui le scénario était bien trop lisse malgré une excellente idée de base. Alors que le cinéma d’animation traversait une période de crise au début des années 2000 avec l’arrivée des films numériques bien trop coûteux, le premier film faisait figure d’exception avec plus de 630 M$ au box-office, score certes moyen aujourd’hui mais prodigieux pour l’époque. L’annonce d’une suite 14 ans plus tard a de toute évidence été un séisme sans précédent puisque le record du plus gros lancement pour un film d’animation a été pulvérisé (182 M$ Vs 135 M$) et pour la toute première fois du genre l’un de ses représentant va non seulement dépasser la barre des 500 M$ sur le seul territoire américain, avec même la barre des 600 dans le viseur, mais le record mondial de 1,28 milliards de La Reine des Neiges va très probablement tomber. Avec encore une fois des notes stratosphériques, tient-on effectivement là le plus abouti représentant du genre ?
Si pour le spectateur une grosse décennie s’est écoulée, cette suite prend place immédiatement après son prédécesseur alors que la famille des Indestructibles faisait face au super-vilain « La Taupe ». Déjà hors-la-loi, leur nouvelle opération super-héroïque achèvera l’opinion publique de les mettre à l’arrêt. Il faut dire qu’avec des médias retraçant plus le bilan des dégâts de leurs actions que les vies sauvées, l’objectivité n’est pas permise. Milliardaire souhaitant les réhabiliter en changeant leur image publique, Winston Deavor va tenter de reprendre les choses en main alors qu’une nouvelle menace se profile : l’hypnotiseur, capable de prendre le contrôle de n’importe qui grâce à un signal vidéo.
Petit bijoux visuel pour son époque, l’animation du film a su évoluer tout en gardant la même patte graphique, certes très difforme mais au moins à peu près réussie et originale. Les progrès sont flagrants mais la continuité est respectée, mettant tout le monde d’accord. Deux questions primordiales se posaient alors : l’humour est-il toujours aussi bon et le scénario est-il enfin à la hauteur ? Les premières bandes-annonces étaient de nature à rassurer sur le premier point et le film ne déçoit clairement pas. La famille est toujours aussi colorée et attachante et leurs problèmes sont souvent hilarants, chacun arrivant à briller à son échelle. Jack Jack est plus flippant que jamais, Bob est un dinosaure ayant le plus gros cœur au monde, Flèche a une répartie au sommet et Hélène fera plaisir aux féministes. Seule Violette manque de consistance, mais elle a tout de même deux trois passages marrants. Côté scénario, le constat est à peu près le même que pour le premier film : bonne idée mais trop classiquement exploitée. Tout est une question d’opinion publique, de contrôle des médias. Un bon filon que le film exploite bien et le développement sur la famille fait en parallèle est assurément très bon. Seulement encore une fois, tout est ultra prévisible, bien trop pour qu’on laisse passer. Artistiquement très abouti et génial en terme d’ambiance, cette suite manque trop d’ambition scénaristique pour prétendre à plus qu’un bon divertissement teinté de nostalgie.