Pacific Rim Uprising

Pacific Rim Uprising
2018
Steven S. DeKnight

Il y a cinq ans sortait un film colossal : Pacific Rim. Bon gros délire de grand enfant qui voulait voir s’affronter des robots géants et des monstres gigantesques, le film était un très très grand spectacle qui a largement convaincu les critiques et les spectateurs. Même si le budget était monstrueux (190 M$) et que les bénéfices furent proportionnellement faibles, avec 411 M$ au box-office mondial le film a tout de même convaincu les investisseurs pour rempiler pour une suite, bien que lui accordant un budget moindre (150 M$). Il faut dire que dans un contexte assez morose où l’écrasante majorité des suites peinent à égaler de près ou de loin leurs prédécesseurs, fanfaronner en parlant d’une série et d’un troisième opus avant même la sortie était très présomptueux, et vu la tiédeur des réceptions le résultat ne fut pas mieux que la concurrence : malgré un maintient exceptionnel en Chine où le film a encore récolté une centaine de millions, le film n’a même pas atteint la barre des 300 M$ (290 M$). Un échec pas très étonnant, mais pas mérité non plus.

L’histoire reprend dix ans après la fin de la guerre contre les Kaijus, qui s’acheva par la fermeture de la brèche dans l’océan Pacifique. Depuis les monstres ne sont pas réapparus, mais le monde n’est pas resté les bras croisés pour autant. La construction des Jaegers n’a jamais cessé, de même que la formation des pilotes, mais pour ces derniers la situation est sur le point de changer. Entre la difficulté de trouver deux personnes compatibles pour supporter la charge neuronale et l’obligation de devoir amener les pilotes jusqu’à leur robot en plus du transport de robot, rallongeant d’autant le temps pour être opérationnel, l’idée de les remplacer par des drones était l’évolution logique. Seront-ils prêts quand l’ennemi reviendra ? À moins qu’il ne soit déjà là…

En toute fin de film, on abordait l’existence de ceux qui ont créé les Kaijus pour nous attaquer, laissant entrevoir un scénario plus profond derrière le déluge d’effets spéciaux, un peu comme Independence Day Resurgence qui montrait clairement des signes de richesses qui ne demandaient qu’à être exploitées. Pour éviter de sombrer dans le piège de la plupart des suites qui refont la même chose en plus gros, le film apporte trois pistes de réflexion sur ce monde post-apocalyptique : comment les gens se sont reconstruits, comment le monde s’est préparé à un possible retour, et comment les extraterrestres se sont préparés à leur retour. Sans aller jusqu’à crier au génie, il faut bien avouer que le scénario est plutôt bien construit et propose quelque chose de très différent du premier, la menace étant bien plus pernicieuse. Alors qu’au début tout paraît prévisible, on découvre au fur et à mesure le comment du pourquoi, dénotant d’un niveau d’écriture supérieur. Mieux encore, les personnages sont aussi très intéressants, creusant un peu plus que les stéréotypes ambulants du premier. Bien qu’on se paye le bourrin de service insipide (Scott Eastwood), on aura droit à deux clichés certes classiques mais plus inspirés qu’à l’accoutumée : le lâche au grand cœur (John Boyega) et l’ado bricoleuse rebelle (Cailee Spaeny), bien que largement majeure. Le premier est charismatique, la seconde craquante, et avec le retour de Mako et Newton (Charlie Day) pour assurer la continuité, on peut être satisfait vu le caractère blockbuster décérébré que le film était censé être.

D’un point de vue de l’écriture, c’est donc une excellente surprise, le film surclassant largement son prédécesseur. Côtés effets spéciaux, malgré une sensible baisse de budget, la qualité reste au rendez-vous et nombre de passages sont épiques. Où est donc le problème ? C’est bien simple : la direction artistique et la réalisation sont clairement à la ramasse comparé au premier. Alors que Pacific Rim privilégiait des combats de nuit, tirant ainsi profit des sources de lumières émises par les robots ou les monstres, la plupart se passent ici de jour, perdant ainsi l’intérêt du sang fluorescent des Kaijus et mettant en lumière des robots qui perdent en réalisme sans un habillage atmosphérique. De plus, en réduisant la hauteur de cadre, le film perd une partie de la verticalité de ces combattants vertigineux, enlevant donc une partie du spectaculaire. Si on rajoute à ça une diminution drastique de Kaijus, se faisant longtemps désirer et semblant être des versions recyclées de ceux du premier volet, la déception est palpable. Pour peu qu’on ne cherche qu’un immense défouloir, le premier était sensiblement supérieur, mais le scénario arrive à sauver les meubles et donne un intérêt nouveau à la saga, faisant d’autant plus regretter son échec tant un troisième opus aurait pu être génial.

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