Once Upon a Time… in Hollywood
2019
Quentin Tarantino
Pénultième film réalisé par le grand Tarantino d’après ses propres dires, souhaitant s’arrêter à dix, le film a comme d’habitude déchaîné les passions et est à ce jour le deuxième plus gros succès de sa carrière. Avec une pléthore de nominations pour les Oscars et de probables prix pour son casting ahurissant, le film sera t-il pour autant à marquer d’une pierre blanche ? Toujours aussi acclamé par la presse, le film est néanmoins celui qui eu l’un des accueils les plus tièdes de la carrière de son réalisateur, et c’est aisément compréhensible.
Prenant place en 1969, le film nous plonge en plein Hollywood à la fin de l’âge d’or du cinéma hollywoodien. On y suivra principalement Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) et son cascadeur Cliff Booth (Brad Pitt), affrontant l’inexorable déclin de leurs carrière.
Nous raconter l’envers du décor d’une des époques les plus passionnantes était gageure, le résultat n’est cependant pas à la hauteur, loin s’en faut. Premièrement, l’idée d’axer tout le récit autour de personnages fictifs est dommage quand tant de personnages réels traversent l’histoire, mais l’histoire est en fait une arnaque. Seule le contexte est conservé, on suit des personnages inventés et le déroulement historique n’est pas respecté. Bien évidemment, c’est aussi le sujet du film : c’était mieux avant, et on aurait aimé que rien ne change. Comme quoi, certains hippies sont pires que certains nazis, et même globalement les soldats allemands étaient plus respectables et seins d’esprit. Bon après tout pourquoi pas, Inglourious Basterds réinventait l’histoire lui aussi, et c’est probablement le meilleur film de son réalisateur. Non, le vrai problème c’est que le film dure 2h40 et ne développe réellement que deux personnages. Sharon Tate (Margot Robbie) est anecdotique, et en dehors du duo principal, les autres (Emile Hirsch, Margaret Qualley, Timothy Olyphant, Dakota Fanning, Bruce Dern, Al Pacino, Kurt Russell ou encore Maya Hawke) ne font que de la figuration. C’est d’ailleurs drôle de voir l’un des acteurs nommé pour l’Oscar du meilleur acteur et l’autre pour le second rôle alors que leurs présences à l’écran sont justement inversées : le « second rôle » doit avoir au moins tiers de plus de temps à l’écran. Quand un film aussi long met autant de personnages en avant mais n’en développe que deux, il en résulte un sentiment de déséquilibre énorme, de traitement peu convaincant, de soucis de rythme et de narration. Beaucoup de périodes de flottement, et le début est pénible à suivre avec les innombrables digressions narratives, juste histoire de ne pas suivre le déroulé de manière linéaire. Un effet de style inutile et lourd, d’autant qu’il sera oublié en cours de route et utilisé que dans le premier tiers. Un montage étrange, maladroit, n’arrivant pas à imposer un rythme, s’attardant longuement sur des personnages sans pour autant les développer et les laissant carrément tomber en cours de route sans raison. Sans aller jusqu’à dire que le film est raté, son scénario manque clairement d’enjeux et le film est beaucoup trop long pour ce qu’il a à raconter. Pas le pire film de Tarantino, mais vraiment pas loin.