La Belle et le Clochard

La Belle et le Clochard
1955
Hamilton Luske, Clyde Geronimi et Wilfred Jackson

De peur de casser la magie les entourant, on hésite souvent à se revoir les films de notre jeunesse. Et pour cause : le résultat est bien souvent très en deçà de nos souvenirs. Pour ma part, les vieux Disney font parti de ceux qui ont le plus mal vieilli. Pas forcément pour le travail de l’animation, mais plus pour la nature quasi anecdotique de leurs scénarios. Néanmoins, un remake très prometteur sur le papier (avec de vrais animaux spécialement adoptés dans des refuges) vient de débarquer sur Disney+, et avant de le voir il faut bien comparer avec l’original.

Dans cette douce époque de l’âge d’or, une petite cocker prénommée Lady va s’éveiller au monde dans un paisible foyer des quartiers chics de la Nouvelle Angleterre. Ouvrant le cœur de ses maîtres comme seul un chien saurait le faire, elle deviendra instantanément l’astre illuminant leurs vies. Partageant leur lit, leurs repas, tenant compagnie à sa maîtresse et se promenant avec elle en attendant de pouvoir célébrer le retour du maître après une dure journée de labeur, son quotidien était un bonheur de chaque instant. Mais peu à peu ses maîtres vont focaliser leur attention et leur amour sur une redoutable menace : une grossesse, annonçant l’arrivée d’un bébé qui ne sera plus elle. Le début d’une lente descente aux enfers.

Certes, une fois de plus l’histoire est plus que limitée : le film dépeint deux menaces, la tante et la fourrière, et aucune des deux ne sera vraiment exploitée. De même, la romance n’aura qu’une poignée de scènes pour s’épanouir, mais il faut bien avouer que le mythique repas de spaghettis donne un sacré coup de boost à l’idylle, d’autant qu’elle donne lieu à une excellente chanson très belle. Reste que simple ne veut pas dire simpliste, et le film est particulièrement bien écrit. On sent que l’équipe de scénaristes est non seulement de grands défenseurs de la cause animale, mais qu’ils sont de surcroît de brillants analystes comportementalistes. N’importe qui ayant eu un chien dans sa vie ne pourra que constater la justesse touchante avec laquelle sont dépeints nos amours sur pattes, montrant leur fougue, leurs sentiments exacerbés et ce perpétuel besoin de reconnaissance. L’équipe d’animation a d’ailleurs fait un travail remarquable, donnant une vraie personnalité et intensité de regard pour chacun d’entre eux. On s’étonnera même de la finesse de certains plan, les décors débordant de détails lors des panoramiques. Le film véhicule de beaux messages et fait échos au plus des beaux souvenirs qui puisse nous être accordé : l’amour d’un chien.

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