La Première étoile

La Première étoile
2009
Lucien Jean-Baptiste

Qui dit fêtes de fin d’année dit films de saison à la télé. Alors que l’hiver s’installe doucement et que le manteau blanc se dépose sur les hauteurs, la neige se rappelle à notre bon souvenir au travers d’un quasi classique de la comédie potache qui a fait la marque de fabrique de son réalisateur et auteur, propulsé grâce à cette première tentative derrière la caméra. En plus d’un sacré au festival de l’Alpe d’Huez, le film a même été nominé aux Césars l’année suivante pour le prix du meilleur premier film. Enfin bon, face au bide du second opus débarqué huit ans plus tard, les choses sont à relativiser.

C’est bien connu, les français sont racistes, mais les antillais sont des fainéants. Sans travail depuis bien trop longtemps, Jean-Gabriel (Lucien Jean-Baptiste) va commettre l’imper de trop : promettre à ses enfants des vacances à la neige, alors même que sa femme (Anne Consigny) n’arrive pas à joindre les deux bouts et que ce genre de vacances coûte un bras. Habitué à ne pas tenir ses promesses, entre les rires moqueurs des gens à l’idée de voir des antillais à la montagne et le risque de perdre sa femme, Jean-Gabriel va cette fois décider de tout mettre en oeuvre pour concrétiser ce projet.

Oh mon Dieu, des noirs à la montagne, que c’est cocasse ! Le concept même du film faisait pitié tant n’importe qui ayant déjà mit les pieds dans une station de ski sait que c’est d’un banal confondant. Certes, statistiquement les personnes d’origine africaine ont des revenus inférieurs, de par un choix ou une nécessité d’études écourtées, et les vacances à le neige comptent parmi les plus chers qui soit, mais il n’empêche que pour peu qu’on soit passionné, le budget se trouve. L’idée aurait eu plus d’impact à l’époque d’un Rasta Rocket, sorti 15 ans plus tôt, et même là culturellement le film est arrivé avec une bonne décennie de retard, c’est dire à quel point toutes les blagues sur des noirs à la montagne n’ont aucun sens. Et malheureusement, le film se résume clairement à cela, notamment avec Bernadette Lafont qui joue les grand-mère Le Pen, outrée de voir ce genre d’individus dans leurs nobles montagnes, même si on se doute que les masques vont tomber et chacun va apprendre de l’autre. Le film avait bien quelques pistes intéressantes, mais même la romance entre l’aîné et la sublime Astrid Bergès-Frisbey ne marche pas, ne bénéficiant pas assez de temps à l’écran pour convaincre. Et avec la carrière internationale que cette dernière s’est bâtie, elle n’est pas revenue dans la suite, enlevant un intérêt de plus. A noter au passage qu’il a fallut attendre une grande partie du film pour que je comprenne que la mère est effectivement la mère biologique tant elle me paraissait trop blanche et jeune par rapport aux enfants. Enfin petit mot sur le père, âne bâté antipathique comme pas deux, dont l’inconscience et l’inconsistance lassent d’emblée. Aucun sujet n’est réellement traité, aucun personnage ne brille vraiment, et l’humour est éculé au possible. Le film est suffisamment court et rythmé pour qu’on ne s’ennui pas trop, mais cela sauve à peine les meubles.

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