Captive State

Captive State
2019
Rupert Wyatt

Rattrapant à une allure d’escargot les films de l’année pour sortir à la bourre mon top et flop annuel, j’étais passé à côté de ce film qui pourtant m’intriguait beaucoup avant sa sortie : de la SF, le genre qui compte le plus de chef d’œuvre à mes yeux, un thème de l’invasion alien souvent gageure, et à la barre un réalisateur qui a fait ses preuves. Et pourtant, à sa sortie ce fut la catastrophe absolue : une presse très tiède, des spectateurs encore plus froids, et un naufrage au box-office avec moins de 9 M$ au niveau mondial. Véritable déception ou incompréhension ? Eh bien quand un thriller de réflexion est vendu comme un film d’action, il est évident que la différence de public peut s’avérer fatale.

Film d’anticipation se déroulant dans un futur proche, on nous plonge en plein dans une invasion extraterrestre totale. Face à une supériorité militaire supposée, la Terre a négocié une législation, c’est-à-dire qu’en échange d’une non-extermination et d’une paix précaire, les clés de notre planète seront confiées à la race alien appelée de fait « les législateurs ». Dix ans plus tard, les gens sont désormais confinés, leurs déplacements sont contrôlés, leurs travaux spécifiques et chaque humain a subit un implant pour une surveillance totale. Le monde est plus terne que jamais et la pauvreté grandissante. Une rébellion va alors tenter de germer : le Phoenix.

Des humains avec des implants, captifs d’une race extraterrestre dans un monde ravagé où seuls ceux qui collaborent avec eux peuvent s’en sortir. Si ce scénario vous dit quelque chose, c’est normal : il s’agit strictement du même que Transformers 3, à ceci près que la situation est moins critique ici et qu’il ne semble pas y avoir de plan pour transformer sept milliards d’habitants en esclaves. Avec un budget cinq à six fois moindre et de par son parti prit pas du tout porté sur l’action, beaucoup ont donc été déçus, et ça peut se comprendre selon ce que l’on recherche. Néanmoins ce film a d’autres arguments de poids, à savoir son ambiance et son écriture. Point d’humour un peu bof ici, l’ambiance est plus proche d’un film de guerre au sens le plus sombre, au plus proche de la misère humaine et du désespoir. Le sound design est excellent, la mise en scène est oppressante et les personnages sont charismatiques. On y croise des têtes connues comme John Goodman et Vera Farmiga, James Ransone y a une classe folle, et le tout porté par l’adolescent de Moonlight, Ashton Sanders. L’aspect des aliens n’est pas terrible et se borne à proposer un aspect humanoïde, mais on a vu pire. On suit donc des personnes qui tentent de s’en sortir, des qui pensent que collaborer est une nécessité, et d’autres qui au contraire pensent que si les choses perdurent dans ce sens, l’humanité pourrait bientôt s’éteindre. Le film regorge d’idées sur les technologies aliens et les évolutions que le monde a pu connaître, pas forcément super originales mais remodelées à sa sauce. En plus d’un scénario très solide dont les incohérences et étrangetés trouvent leur écho dans un final mûrement réfléchi, le film propose une réflexion sur notre société, l’uniformisation de masse prête à tous les sacrifices pour survivre, la perte de repères, le besoin de se sentir vivant, important. On sent tout de même que le film n’a pas eu les moyens de toutes ses ambitions et globalement c’est plutôt du déjà vu, mais ça reste un genre trop rare et cette itération est extrêmement solide.

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