Irresistible
2020
Jon Stewart
Prenant de moins en moins en France depuis des décennies, le clivage politique droite / gauche n’a de cesse de faire un tabac aux Etats-Unis où les partis démocrates et républicains continuent de capter plus de 98% des votes, voir plus de 120% comme lors dernières élections présidentielles. Or qui contrôle le pouvoir en place contrôle les subventions, peut propulser ses amis où il veut, etc. On y retrouve donc assurément les pires ordures au monde, cherchant inlassablement à faire ses choux gras sur le système en crachant au passage sur le petit peuple.
Le film – plus ou moins inspiré de faits réels – se centre donc autour de Gary Zimmer (Steve Carell), directeur de campagne d’Hilary Clinton cherchant à redorer le blason d’un parti démocrate broyé par le bulldozer Trump (marketé par Rose Byrne). Il va alors trouvé une perle rare, un cadeau tombé du ciel : une vidéo virale où une figure paysanne locale se dresse contre l’injustice, les inégalités, les discriminations, véhiculant donc des idées démocrates, mais dans une zone rurale profondément ancrée chez les républicains. Mieux encore, l’homme en question, Jack Hastings (Chris Cooper), est un ancien militaire décoré, à la dégaine de cowboy, donc le portrait même de l’Amérique profonde. Gary va alors débarquer dans un petit bled de 4000 habitants, bien décidé à en faire un candidat démocrate au potentiel de symbole national.
Le film se résumerait en un mot : édifiant. On ne s’insurgera jamais assez des fameuses « élites », si promptes à nous juger, nous toiser, voyant le peuple uniquement sous un prisme capitaliste : comment va-t-il nous faire gagner de l’argent ? Ou du pouvoir aussi, mais les deux sont indissociables. On s’amusera donc de voir un homme hautain, se sentant si supérieur, partant à la quête de bouseux dans une bourgade perdue, quasi morte et dépeuplée. Le film, sans être réellement une comédie, est assez drôle, nous proposant un rematch Hilary / Trump au travers de leurs équipes de campagne qui vont s’affronter localement avec des moyens nationaux. Steve Carell porte tellement bien le film sur ses épaules, ne cessant de gagner en charisme avec les années, et on notera aussi les présences de Topher Grace et Mackenzie Davis. Sans trop en dévoiler, le film est jusqu’à un certain point sympathique mais pas transcendant, prenant néanmoins de l’ampleur à un moment précis en apportant un nouveau regard sur l’ensemble. Une écriture plus fine qu’il y paraît aux premiers abords donc, et on en ressort agréablement surpris.