L’Incroyable Voyage à San Francisco
1996
David R. Ellis
Il est vrai que si L’Incroyable Voyage était un petit bijoux d’aventure, d’émotion et d’humour, il fut aussi un bon succès commercial, avec notamment près de 42 M$ aux Etats-Unis et huit cent mille entrées en France. Même si l’histoire ne s’y prêtait pas forcément, l’idée d’une suite pouvait se poser, et l’axe était tout trouvé : le pitch du premier film était-il justifié ? Autrement dit, des animaux peuvent-ils s’épanouir dans une grande ville comme San Francisco ? Oui mais non, refaisons plutôt un quasi remake dans la « belle » tradition des Maman j’ai encore raté l’avion…
Qu’est-ce qui a fait le succès du premier film ? Les animaux s’échappent et doivent survivre en milieu hostile. Eh bien voilà que cette fois, alors qu’ils partaient bien en voyage avec leurs maîtres, ayant peur de la cage dans laquelle Chance devait faire son voyage, ce dernier va croire que c’est bien le retour à la fourrière pour lui, et va préférer se faire la malle. Sachant qu’il ne survivrait pas seul, Shadow et Sassy vont alors s’évader à leur tour.
Quand je dis que le film nous fait une Maman j’ai encore raté l’avion, c’est que vraiment on assiste à un quasi remake du premier film, à ceci près qu’on troque les magnifiques paysages par de l’urbanisme terne. Pire, et j’ai même cru pendant longtemps que le film était une suite au rabais, dans la tradition des sous-production atterrissant directement en support physique sans passer par la case cinéma, puisque la VF est tout simplement rebootée. Exit le casting de prestige, et je n’ai pas tenu cinq minutes, préférant basculer sur la VO où Michael J. Fox reprend bien son rôle de Chance, seul Shadow ayant changé en VO, faute au décès de son doubleur. Et pourtant, il s’agit bien d’un film étant sorti en salles, ayant même fait un score pas si déshonorant (la seule donnée étant celle des US où il retenu les 3/4 du public du premier film avec près de 33 M$ au compteur). Et passé la consternation de la VF bien moins reluisante, et cassant la continuité, de même que le manque de ressemblance entre le Chance du premier film (avec des tâches noires) et celui du second film (bien plus marron et avec un museau bien différent) ou encore la trop grande similitude dans les péripéties (évasion, le coup du grillage, sauvetage, suspense sur le retour, réutilisation parfois abusive du mythique thème musical du premier film), le film n’est pas non plus une catastrophe. Michael J. Fox fait le taf, donnant beaucoup d’énergie dans son interprétation, l’humour marche pas trop mal, et puis surtout cette suite trouve un argument imparable pour à nouveau faire battre notre petit cœur fragile : Delilah (Carla Gugino). Chienne sauvage qui n’a jamais connu le bonheur d’une adoption humaine, elle est assurément l’atout charme de cette suite. Suffisant pour relancer à elle seule tout l’intérêt ? Non, mais elle permet d’éviter le naufrage, ce qui est déjà beaucoup.