Brightburn – L’enfant du mal


Brightburn – L’enfant du mal
2019
David Yarovesky

J’avais le souvenir d’un petit événement en soi, un succès d’estime et commercial, mais pas du tout, même loin s’en faut. Les retours furent très tièdes, et pour ce qui est du box-office, c’est certes un succès étant donné le budget bas typique de film d’horreur, à peine 7 M$, mais avoir peiné à atteindre 33 M$ dans le monde, c’est carrément anecdotique, risible. Et pourtant, Internet semble s’enflammer à la moindre rumeur de suite, qui n’arrivera apparemment jamais d’après ceux derrières le projet, et il faut bien dire que le concept même aurait dû nécessiter un budget digne des gros blockbusters pour aller au bout de sa démarche, donc il est évident que ce que le public demande n’a aucune chance d’arriver.

L’idée est simple : et si Superman était méchant ? Un couple de fermier (incluant Elizabeth Banks) qui n’arrivait pas à avoir d’enfants va un jour voir un vaisseau spatial se cracher à proximité de leur ranch, avec à son bord un bébé. Pendant 12 ans, ce fut une bénédiction, mais à l’arrivée de la puberté, leur fils va se rendre compte qu’il est différent, capable de choses extraordinaires, mais avec un but : s’emparer du monde.

Le mythe de Superman est un immense classique connu de presque tous, et si visiblement le film n’en avait pas les droits, tout y est officieusement : le couple de fermiers, la petite ville d’Amérique rurale, et tous les pouvoirs seront peu ou prou les mêmes, avec surtout la force surhumaine, la capacité de voler, la résistance à tout en dehors des matériaux du fameux vaisseau toujours caché sous la grange, et les yeux laser bien sûr. Même la scène iconique du bus est détournée avec une voiture, mais en version horrifique. On sent globalement la mentalité « sale gosse », là pour détourner l’image du super-héros ultime pour en faire un vilain, mais sans pour autant assumer pleinement ses propres idées. On pense notamment à tout le discours sur la puberté, sur les déviances et sa camarade qui va jusqu’à l’accuser de perversité, mais au final rien, que des allusions, rien de concret, même dans les intensions. La violence est très crue, presque granguignolesque tant le gore est abusif, ce qui pour ma part est une mauvaise chose tant la violence psychologique restera toujours plus impactante que la violence physique, à moins d’une mise en scène folle, ce qui ne sera pas le cas. Eh puis la montée en violence n’est pas fluide du tout : l’enfant vire à un instant T, tel un déclic, mais sans développement de sa haine intérieur ou quoi que ce soit, contrairement au modèle du genre, Chronicle. Et c’est un peu ça le problème, car en vrai le concept a déjà été traité, tellement plus subtilement, avec une vraie vision, et un développement des personnages largement plus pertinent. Quitte à vouloir faire une parodie horrifique récréative sur Superman, autant pousser les curseurs au maximum et être bien plus généreux sur les thèmes de violence et le spectacle. Dans les faits ça reste divertissant, d’autant que très court, mais que ce soit l’écriture ou le budget, ça n’était pas à la hauteur de ce qu’on était en droit d’en attendre.

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