Burn Out
2018
Yann Gozlan
Ayant beaucoup aimé le travail du suspens sur Boîte noire et étant particulièrement fan de son acteur principal dont le talent n’est plus à démontrer, il me fallait donc rattraper son précédent film, malheureusement complètement passé inaperçu avec moins de 150 000 entrées lors de sa sortie dans les salles de cinéma. Depuis, le film a su trouver son public auprès de Netflix où ce genre de proposition d’action résonne pas mal auprès de ses abonnés.
Les merdes, ça nous tombe dessus tout le temps, et des fois on doit en plus se manger celles des autres. Alors qu’à mesure que la trentaine approche, Tony (François Civil) voit son rêve de devenir pilote de moto professionnel disparaître, mais alors que la toute dernière chance de sa vie se présente, son précédent rêve brisé va le rattraper : son ex Leyla (Manon Azem), mère de son fils, va se retrouver en grand danger. Galérant à joindre les deux bouts, elle a succombé à la facilité et a accepté de planquer de la drogue, mais elle va tout se faire dérober, faisant que son gagne pain va lui peser un ultimatum : rembourser les 50 000 € perdus, ou finir revendue sur des marchés douteux. Encore amoureux d’elle, Tony va contacter le gang pour prendre sa dette à sa place, acceptant de jouer les go fast. Il va se retrouver alors à s’entraîner dur pour une campagne de recrutement de pilotes professionnels, travailler à l’usine pour payer les factures, et enchaîner les nuits sur la route à esquiver la police et les balles des gangs rivaux.
Le concept est brillamment maîtrisé, parfaitement mis en scène, et le scénario a l’intelligence d’éviter quelques écueils du genre. Les scènes de moto sont vraiment impressionnantes, et plus encore en pleine nuit à une telle vitesse que la moindre erreur serait fatale. Et plus le film avance et plus l’ambiance se fait pesante, avec ce burn out menaçant dont l’inéluctabilité se fait de plus en plus évidente. L’acteur le joue si bien, d’autant que beaucoup auront déjà vécu ce genre de quotidien intenable où chaque jour qui passe nous met un peu plus sur les nerfs, au bord du craquage et où l’équilibre inexistant tient du miracle, attendant soit d’être consumé, soit que la vie s’améliore d’elle-même, ce qui n’arrive jamais. Ce cadre du danger de l’argent facile est clairement éculé, mais le gang dirigé par Olivier Rabourdin sort un peu des sentiers battus, avec presque un côté paternaliste légèrement rassurant quand on oublie deux minutes le niveau stupide de danger. La tension est vraiment forte, l’action haletante avec un héros charismatique, prêt à renoncer à tout, même à son intégrité pour celle qu’il aime. Un savoir-faire indéniable.