Épisode II
Une nouvelle journée commence… Faire comme si de rien n’était, en voilà un challenge ! Je n’ai qu’à faire comme tout les jours : ouvrir mes volets, allumer mon ordi, me laver, … Houa ! Quel teint resplendissant, quelle netteté de peau ! Y’a pas à dire, la régénération ça change la vie. Bon par contre si je passe 15 minutes à m’admirer je vais finir par être en retard. Bon, donc nourrir le chien, le faire sortir, me nourrir, m’habiller, prendre mes affaires et verdict ? 7h20, en retard comme d’habitude… Et si ? Non, pas aujourd’hui, le ciel est trop dégagé.
Après quelques six minutes de marche (normalement quatre mais c’est dur le matin…) j’arrivais enfin au tram, lui aussi en retard. Quelle chance : me voilà avec un retard supposé d’un quart d’heure. Si ça continu je vais arriver après le prof… Mais finalement non puisqu’à mon changement au Corum je croisai ledit professeur de proba, pas spécialement pressé lui non plus. Par contre, pas moyen de me faire repérer parce qu’il voudra me parler, faire le prof sympa et faire comme si c’était mon ami. Je pense qu’être « ami » avec un prof, à la limite, mais uniquement pendant les cours, pas en dehors. En plus dans le tram je suis plutôt du genre à ne pas me mélanger et à rester adossé contre le mur à écouter Virgin radio.
Et donc comme prévu, je me pointai avec 15 minutes de retard, suivi de près par le prof. S’en suit un TD classique mais plutôt amusant grâce à un atelier énigme derrière moi. Une journée banale et chiante en somme. Par contre, je devais retrouver un de mes meilleurs ami pour le repas : Hugo. Et comme à chaque fois, on se prend un panini ou un sandwich pour manger tranquillement dans un des coins de verdure, qu’importe le temps. Et à peine j’arrivais au Fournil St Nicolas que se pointa Hugo, une synchronisation inédite !
– Yo Hugo !
– Ah, tiens. Salut mec ! Dur le retour après les vacances…
– J’ai cru comprendre au vu des photos sur ton Facebook. Pas de nouveaux trous noirs ?
– Nan, pas c’te fois. Et toi ?
– Bah y’a eu mon frère qui est venu, c’est déjà bien. (Et sinon j’suis devenu un dieu avec des ailes bleus et une force extraordinaire)
Tiens mais qu’est-ce qui ce passe ? Je me sens bizarre, mon cœur s’emballe. Alina ? Non, c’est pas possible… Merde, tout devient bleu devant mes yeux avec un halo jaune autour des gens. Et c’est quoi en violet ? On dirait des tracés… Y’en a deux qui se rapprochent !
– Hugo ta casquette !
– Heu ? Tiens…
Après avoir mit sa casquette, restons discret, je libérai toute l’adrénaline accumulée avec ma nouvelle vue et je déployai deux ailes bleues beaucoup plus grandes et mieux formées. Et au lieu de se contenter d’être des flammes, elles se matérialisèrent pour ressembler à s’y méprendre à des ailes de dragon. Le reste de mon corps, recouvert d’une aura bleue, se développa de manière fulgurante, doublant ma masse musculaire. Et c’est avec une vitesse hallucinante que je fonçai vers le point de rencontre des lignes violettes au moment précis où un vélo était supposé être percuté par une voiture. Et dans mon élan, je soulevai cette personne et son vélo pour les déposer plus loin sur le trottoir. Tout en veillant à garder la tête baissée, de même que la visière de la casquette, avant de finalement m’envoler le plus haut possible.
Bon, normalement seul Hugo connait mon secret. Dire que j’aurai même pas tenu un jour… Ah ça sonne !
« Tu passes ta vie le jour, la nuit assis devant l’écran.
Tu n’as besoin de personne sonne s… «
Salut Hugo ! Quoi de neuf ? Ah toi aussi t’as remarqué ? Pas très discret ouais… Ça m’est arrivé hier alors que je me battais contre quelques clampins. Exactement sept, comment t’as deviné ? Dans le Montpellier + ? Ah, j’ai raté une occasion de passer dans le journal… N’empêche, on capte super bien là haut. Bah là je fais du surplace au dessus du zoo. A genre deux kilomètres d’altitude histoire qu’on croit à un oiseau. Non parce qu’il parait que l’œil humain affiche tout ce qui est à plus de 200 mètres au même plan. Pratique ! Bah sinon je te propose dans un souci d’équité de réfléchir à ma situation autour d’une table ronde avec Jérémy, Pascal et Alina. On n’a qu’à dire le week-end prochain. Bah celui là je suis prit et s’est censé être le plus beau de ma vie. Alina, absolument. On se tient au courant ? A plus. Et au fait, je te reporterai ta casquette mdr. (oui oui, mdr à l’oral)
Bip Bip… (pour dire que ça raccroche)
Bon, maintenant il ne s’agirait pas de rester planté dans le ciel trois plombes ou je vais finir par attirer l’attention :
– Tiens maman, regarde !
– Qu’est-ce qu’il y a ?
– Y’a un drôle d’oiseau qui vole sans se déplacer.
– On appelle ça faire du surplace. Et… Oh mon dieu ! C’est surnaturel il faut immédiatement alerter la police, la CIA, le FBI et Interpol ! Ça tombe bien, j’ai justement leur numéro personnel.
– Bonjour, vous nous avez appelé ?
– Oui, c’est là dans le ciel, regardez !
– Mais c’est bien sûr, Antoine Lepage ! Cela fait depuis l’affaire des sept morts qu’on le cherche ! Il ne nous échappera pas !
Certes j’exagère un chouïa mais bon, soyons prudent… Bah tiens ! Justement l’enclos des ours ! Après mon histoire avec Nounours on va super bien s’entendre. Mais comme c’était un rêve, au cas où, je vais plutôt me poser à côté. Et voilà ! Quand même, c’est assez désert le zoo aujourd’hui… Remarque, coup de bol ! Pom pom pom. Ah merde…
– Mais qu’est-ce que vous faites là monsieur ?
– Bah ça se voit pas ? Je visite.
– C’est-à-dire que c’est fermé…
– Diantre ! Mais comment-se fait-il que je sois rentré ?
– J’allais vous le demander.
– Par la porte pardi !
– Mais elle est fermée… Vous ne devriez pas être là.
– Je vois… Oh mon dieu derrière vous ! (Méga sprint !!!)
– Eh arrêtez-vous !
Et c’est à ce moment là qu’une nouvelle facette de mon pouvoir se manifesta : la rapidité de motricité, à savoir courir à quelques 150km/h. Ça fuse !
Et après avoir semé le garde, quelle ne fut pas ma chance : un nuage accompagné d’un vent d’ouest ! Autrement dit le camouflage parfait pour m’escorter jusqu’à chez moi, tant pis pour l’anglais… C’est d’autant plus dommage que j’allais recevoir la note de mon magnifique exposé d’anglais sur le micro-onde, nouvelle découverte imputable au désormais célèbre Bob Johnson. Hop hop flip flap, tel un automatisme. Ce pouvoir m’apparait maintenant comme une évidence, une partie manquante de mon être. Et c’est avec ces pensées philosophiques que je me laissais flotter dans ce nuage si rafraichissant (= putain ça gèle là dedans). Mes batteries semblent donc limitées puisque le froid commence à m’atteindre. Nouveau sujet de pensée : cette limite serait-elle un handicap en cas de combat épique contre un super-méga-vilain ?
Tiens, voilà de nouveau le parc… Quelle heure est-il ? 14h11. Heum heum…
– Coucou, je suis rentré !
– Déjà ?
– Bah oui, le prof d’anglais n’était pas là…
Piouf, j’suis crevé moi…