Épisode VII
– C’est lamentable…
– N’est-ce pas. Et dire qu’on avait placé tellement d’espoir en lui.
– Et c’est la quatrième fois cette semaine. Et c’est même pire ce coup-ci, il a perdu ses deux jambes. Il faut pas moins de six guérisseur pour ne serai-ce que le maintenir en vie.
– Et le trou béant dans sa poitrine ?
– « Monsieur » avez du mal à respirer avec cet « organe à la con ».
– Le cœur toujours ? C’est pas bon ça pour le mettre en confiance pour demain…
– Tu crois ? Quatre crise d’aura violette moi j’appelle ça une tentative de suicide. Et son problème d’alcool n’arrange en rien les choses.
– Merde alors ! Il a recommencé ? Boire pour oublier que tout va mal c’est pas génial pour voler. Faudrait peut-être faire quelque chose…
– Comme quoi ? Genre une fille pour qu’il se sente moins seul ?
– Ça serai l’idéal mais la dernière il l’a rembarré d’une force ! Et pourtant, elle était briefée. Elle lui avait quand même sorti : « Tu savais que Antoine peut vouloir dire « inestimable », « fleur », « intelligence pure », « beauté » et « perfection » selon les origines étymologiques ? Quelque soit la définition, elle te correspond bien et si on les ajoute toutes, on obtient une description quasi parfaite de toi. ».
– Ah ouais quand même ! C’est du lourd ça comme approche. Mais elle ressemblait à quoi la fille ?
– Bah pour multiplier les chances qu’elle lui plaise, on a créé une clone de Miley Cyrus. Mais c’est le bide intégral…
– Certes… Mais faut réagir tout de même ! J’arrive même plus à me rappeler sa dernière période de non-dépression. Et puis il fait peur à voir entre ses traits durs, son regard sévère et ses cernes d’insomniaque. Et il a encore perdu du poids.
– C’est vrai que notre champion est plus un boulet qu’autre chose. J’espérais que ses visites dans notre royaume, sa mission et son statut d’élu lui redonneraient fois…
– En tout cas je peux plus me la voir son aura auto-destructrice. Elle est la preuve de notre incompétence et de sa faiblesse.
– Bon bah on fait quoi ?
– De toute façon il va bientôt devoir retourner en cour, ramenons le chez lui. Espérons que revoir ses amis lui redonnera le moral…
– Malheureusement Jean-Marc ne sera pas là et le vendredi c’est vide. N’empêche, encore une nuit sans sommeil. Donnons lui un petit coup de boost pour qu’il tienne la journée.
– Et croisons les doigts pour que son cerveau tienne, ça repousse pas ça. Et le connaissant il serai largement capable de nous pondre une tumeur et autre cancer.
– Quel déchet !
– Une véritable honte pour nous.
Samedi matin…
C’est le jour J, aujourd’hui je passe mon permis. Si son utilité ne me saute pas directement aux yeux, l’avoir marquerait ma première réussite depuis des lustres. Une telle réussite remonterait même au Bac, soit il y a près de 2 ans et demi. Une occasion exceptionnelle pour renouer avec la chance et retrouver enfin le moral après des années de dépression. N’empêche, c’est con qu’il n’y ai pas de tram le samedi matin à 7h sur la ligne 2 car du coup ma sœur s’est proposée pour m’amener à l’auto-école. A une heure pareille du moi de décembre y’a facilement moyen de voler sans se faire repérer.
L’heure avançait et mon passage de permis se retardait : alors que je devais le passer en premier, et ainsi me débarrasser rapidement de mon stress, je suis finalement quatrième… Et tranquillement assis, j’attendais mon tour à la potence, regardant défiler les candidats et sympathisant avec certains. Beaucoup étaient confiants mais presque tous furent, selon les dires de leurs moniteurs, recalés. Merde alors ! J’ai pas le droit à l’erreur, des gens comptent sur moi ! Mais heureusement, une des deux jumelles de mon auto-école qui passait juste avant moi me tenait compagnie. C’est d’ailleurs amusant de voir combien elles se ressemblaient mais chacune avait quelques spécificités : l’une avait un nez plus aplatît et une voix plus douce et l’autre plus suave. Mais toute deux avaient un autre point commun : une extrême gentillesse et un intéressement certain pour moi, dissipé après le coup de « ça serai bien que j’ai le permis pour voir plus souvent ma copine ». Puis vint le moment fatidique…
– Bonjours Monsieur.
– Asseyez vous, je vous en prie.
S’en suit la procédure classique et la fameuse question « êtes vous bien installé ? », avec cette même appréhension : « aurai-je oublier quelque chose ? ». Tout démarrait bien entre conduite souple et dynamique ainsi qu’un respect rigoureux du code et des consignes de sécurité (contrôle visuel). Arrive ensuite une manœuvre classique : le rangement en bataille. Trois coup : marche arrière, on redresse puis de nouveau marche arrière. Fier de moi, j’immobilise le véhicule comme de droit. Arrive naturellement la première question : « montrez moi la batterie sous le capot. ». Ah ah, ça c’est facile ! Il faut dire que j’ai spécifiquement réviser ce genre de choses avec la C3 de ma sœur, la même voiture que celle de l’auto-école et donc celle de l’examen. Et pourtant, après avoir baissé la main sous le volant pour ouvrir le capot, rien : impossible de retrouver ledit levier rouge. Le stress monte, c’est la fin, j’ai perdu !
– Je comprend pas monsieur, ma sœur a une C3 et la commande d’ouverture se trouve sous le volant. Parce que sinon y’a pas de problème, j’ouvre le capot et vous montre la batterie qui se trouve en plein milieu-droite avec le logo dessus. Sinon vous me l’ouvrez et ça fera la moitié des points ?
– C’est pas grave, le permis ne se joue pas sur un point.
– (de quoi ?! Je l’ai déjà raté ???)
– Dites moi plutôt comment on recharge une batterie vide.
– Avec une autre voiture et on connecte les batteries avec des câbles qu’on branche aux pinces crocodiles reliés aux bornes rouges et noires. (Ouf !)
– Eh bah voilà. Surtout ne stresser pas monsieur, on repart.
Le reste du parcours se déroula sans encombre avec l’examinateur cherchant à me déstresser en balançant des petites blagues du genre « ça a dû lui faire bizarre au gars de se faire dépasser par une voiture d’auto-école » ou encore « vous auriez dû vous arrêter pour laisser passer les poubelles ». Puis vint ensuite le moment de retourner au centre d’examen. Et après m’être garé, la fameuse deuxième question : « comment changer la position du dossier ». Comme c’est dur ! Mdr
– Bon bah voilà, ça s’est plutôt bien passé non ?
– Je pense… En tout cas merci. Mais du coup je l’ai le permis ?
– Pour savoir il faudra attendre, la réponse est en différé.
Miracle or not miracle ? La réponse sera en tout cas au courrier de lundi mais mon accompagnateur semblait plus que confiant quand à mon obtention du papier rose. Et lundi midi, mon portable sonnera pour mettre fin au suspense, me délivrer de cette pression. Quand serai-ce ? Pendant le TP de base de donné ? Au resto U ? Chez Kim ? Une chose est sûre, mes nuits ne seront tranquille qu’une fois la bonne nouvelle confirmée. Et si je ne l’avais pas ?
L’instinct est-il meilleur que la réflexion ? En tout cas, la nuit du samedi au dimanche fut paisible et je me réveilla d’instinct vers 7h45, complétement reposé après seulement sept heures de sommeil. Bon par contre, le miracle n’eut pas cour le lundi matin, c’est toujours dur à 6h30.
Je me suis donc levé, je suis allé dans la cuisine, j’ai regardé le chien, le chien m’a regardé, je lui ai donné à manger. Après avoir fini de me préparer, je suis allé en cour. C’était base de donné. Ça avait l’air chiant. Je me suis fait chier. Heureusement, y’avait Maryan. Il m’a dit bonjour, j’ai entendu « comment ça c’est passé ton permis ? ». Pas mal écoute, j’attends justement la réponse. Et après avoir fait chier tout le monde avec mon permis, je suis allé manger avec Maryan au U. Il m’a demandé ce que je pensais du menu, j’ai pas su répondre, on a mangé steak-riz, c’était pas génial. Après avoir mangé on s’est rendu compte qu’il restait trois heures avant l’algo du coup on est allé chez Kim. Comme d’habitude elle avait la télé allumé sur Tout le monde veut prendre sa place. J’aime pas Nagui. Après mon téléphone a sonné, c’était Alina. Elle m’a demandé si j’avais la réponse , je l’avais pas. Du coup j’ai téléphoné chez moi, des fois qu’on m’aie oublié. Mais non, c’était pas au courrier. Du coup le soir je suis allé à l’auto-école mais ils avaient pas la réponse.
Bref, j’ai pas eu le résultat.
Le lendemain je me lève et regarde le réveil : 7h28. Il a huit minutes d’avance ce qui veut dire qu’il est 7h20. 7h20 ? Merde mais je doit partir à 7h15 ! Je suis donc arrivé à 8h30 soit demi-heure en retard. Mauvais présage ? En y réfléchissant bien, tout ce suspense et ce stress était une vaste connerie car il n’y avait strictement aucune raison qu’on me refuse le permis alors que j’ai non seulement fait aucune erreurs mais en plus j’ai géré pour les à-côté. Le problème c’est que depuis toujours je suis le seul à avoir une confiance absolue en moi. Du coup dès que les choses me dépasse je doute. Sans aucun motif puisqu’effectivement mon permis fut obtenu largement avec un score plus qu’honorable de 25/31 (soit 5 point au dessus de la limite). Alina fut bien évidemment « heureuse » de l’apprendre. Mais 90% des gens s’en foutent. Après tout, on fini tous par l’avoir alors à quoi bon se réjouir ?
Mais la plus grande de mes désillusion vint d’Alina. Alors qu’un week-end de rêve s’orchestrait, la terrible nouvelle tomba : seulement le samedi (comprendre trois/quatre heures en famille), donc pas de copine pour mon anniversaire la veille. Bref, comme toujours des promesses et rien à la sortie. La décision tomba alors : alcool. Après deux bouteilles de rouge, je sortis de chez moi, déployai mes ailes fatiguées, et m’envolai direction l’Aube Rouge et son rayon alcool. L’atterrissage fut des plus violents : je m’écrasa contre l’édifice et ravagea une partie du mur, faisant s’écraser le toit. Je ressorti avec deux litres de vodka. La direction que je prit ensuite était programmée depuis longtemps, l’ultime instant avant ma probable mort : l’Himalaya. 8848 mètres de chute. Enfin plutôt quelques 6000 car même avec un vent favorable, le mont Everest est entouré par de très grandes montagnes. Sachant que le vitesse de chute libre est à 9,8 mètres par seconde, la chute durera près de 11 minutes, en comptant le temps d’accélération.
Me voilà maintenant complétement bourré et au sommet du plus haut point géographique, une bouteille de vodka dans chaque main. Et alors que je suffoque de par le manque d’oxygène, je m’élance dans un dernier saut. Le vent fouette mon visage, je sens mes poumons comme écrasés. Je repense alors à ma vie, à ce que j’ai fait. Le constat est bien amère : j’ai raté tout ce que j’ai entreprit d’ambitieux, j’ai galéré là où tous réussissaient, et je n’est jamais connu le grand amour. Une vie de merde en somme. Mourir est-il la solution ? Et s’il n’y avait rien après la vie, même pas la conscience de soi ? On m’a offert un cadeau exceptionnel, un don digne des dieux. Je pense que lorsque mon corps percutera le sol, je survivrai. Mais peut-être que ma mémoire se dissipera, me laissant une seconde chance, un nouveau départ. Une chose est sûr, quand tout va mal, la résignation n’est pas une option…