Porté aux nus avec ses deux premiers Batman et d’autres films qui ont retenu l’attention du public tels Le Prestige ou Memento, le désormais immense Christopher Nolan s’est vu déroulé le tapis rouge pour réaliser un projet qui lui tenait à cœur et avec aussi les moyens de le faire : 160 millions $. Un budget rarement égalé pour un film original qui n’est ni une adaptation ni une suite. Et après dix ans à peaufiner son scénario, il peut enfin lâcher sur le monde son film.
Basé sur le monde des rêves, le film part d’un principe simple : et si on pouvait pénétrer le rêve de quelqu’un d’autre ? Ainsi, dans le film, une technologie a été conçue autour de cette idée. Dom Cobb (Leonardo DiCaprio) est un grand habitué de cette technique et s’en sert pour dérober des informations au subconscient d’une personne. Reconnu dans le monde entier et traqué tel un terroriste, il suscitera l’intérêt de Saito (Ken Watanabe), un homme d’affaire voulant lui confier une tâche des plus compliquées : l’Inception. Il s’agit d’insuffler une idée à une personne tout en la persuadant qu’elle vient de lui. L’objectif étant de faire démanteler l’immense multinationale Fisher au fils héritier (Cillian Murphy). Mais pour mener à bien une telle mission, Cobb va devoir recruter les meilleurs : Arthur (Joseph Gordon-Levitt), un spécialiste du réveil ; Ariane (Ellen Page), l’architecte qui conçoit l’environnement des rêves ; ou encore Eames (Tom Hardy), un faussaire capable de se faire passer pour n’importe qui dans les rêves.
Le film nous lâche directement en pleine action durant un rêve imbriqué dans un autre, obligeant le spectateur à se concentrer dès le début sans quoi il se verra laissé pour compte. Cela ne demande pas un effort surhumain d’autant que sa complexité est raisonnable. Le film suit un cour logique et indiscutable jusqu’à la dernière scène dans l’avion, créant une polémique sur la fin. Les évènements se précipitant de manière abrupte et la toupie n’étant pas réellement tombée, certains y verront le signe d’un rêve inachevé, d’autre penseront plutôt que tout ça est logique et que le vacillement final de la toupie indique son arrêt proche. Mais tel un flemmard, Christopher Nolan avoue avoir laissé une fin libre de toutes interprétations. Ce manque de prise de parti est regrettable et jette sur le film un petit problème de finition. Mais cela ne remet en rien en cause la solidité du reste qui s’enchaîne intelligemment tout du long.
Outre l’histoire qui a bien sûr était le fer de lance du bouche à oreille ayant propulsé le film à quelques 825 millions $ dans le monde dont près de cinq millions d’entrées en France, le film compte sur quelques effets commerciaux primordiaux. Le casting est assez ahurissant tant il regroupe une quantité folle de stars puisqu’en plus de ceux sus-nommés, on pourra compter sur la participation de Michael Caine mais surtout de Marion Cotillard qui incarne la femme de Cobb, décédée quelques temps auparavant, et qui revient le hanter dans ses rêves. On notera d’ailleurs le regrettable doublage de Leonardo DiCaprio qui fut malheureusement privé de son doubleur officiel pour ce film. On fini certes par s’y faire mais ça fait d’autant plus mal que son doubleur officiel s’était chargé de la bande-annonce ! Qui a dit escroquerie ? Côté effets spéciaux, ou plutôt effets normaux puisque le film a surtout utilisé des truquages, c’est très impressionnant. On retiendra notamment les rues de Paris et les limbes. Il est par contre dommage que le côté onirique n’est pas été plus poussé vers le fantastique, le côté Matrix et le monde dans la neige ne faisant qu’effleurer cette optique. On retrouvera donc un énorme casting et beaucoup de maîtrise pour ce qui est du visuel et le résultat est bien évidemment aussi impressionnant qu’intéressant, surtout du point de vu philosophique, mais on émettra quelques réserves, notamment au niveau des acteurs. L’avalanche de personnages rend les prestations plus masquées et au final personne ne brille vraiment. De plus, l’histoire se limite tout de même à un simple casse de l’esprit et le principe du film n’est pas suffisamment poussé. Un film excellent mais trop retenu dont la réputation est un peu surfaite.