Souvent cité comme référence et pourtant jamais critiqué. Il était grand temps de rectifier le tir. Considéré comme une référence tant au niveau du genre (science-fiction) qu’à celui philosophique, le film aura engendré des années d’engouement, aussi bien dans les débats sur les interprétations et les vérités que d’un point de vu vestimentaire. Qui n’a jamais vu un vieux type miteux se la jouer Néo et qui n’a jamais rêvé de la magnifique tenue cuir/sexy très seudo-masochiste de la provocante Trinity (Carrie-Anne Moss) ? Le film a aussi inspiré des générations de scénaristes et autres humoristes, notamment les Nous C Nous. Mais que vaut vraiment cette grosse production action/science-fiction/gothique ?
Le film se déroule supposément aux horizons des années 2200, alors que l’humanité est soumise aux machines qui s’en servent de batteries (la prise de pouvoir n’est pas traitée). – Il semblerait que faire grandir et maintenir en vie un être humain demande moins d’énergie que celle produite continuellement par le corps. – Mais pour garder la population en état de stase, les machines les plongent dans un univers virtuel, copie exacte du monde comme il l’était dans les années 90, semble t-il la période la plus favorable à un bonheur collectif maximum. Les différentes sensations ressenties dans ce mondes étant simulées par chocs électriques dans le cerveaux, aucun humain n’est capable de différencier ce monde de la réalité. Mais seulement voilà, malgré tout les efforts des machines pour les contrôler, certains se sont réveillés d’eux mêmes. Reclus dans des souterrains à l’abris des IA, une population assez conséquente s’est formée et planifie de se rebeller. La clef de la victoire semble résider dans l’appréhension du monde virtuel appelé Matrice. Une certaine Oracle, programme visiblement autonome de la Matrice, semble croire à la possible arrivée d’un élu, capable de reprendre le contrôle du monde en transcendant la Matrice. Morpheus (Laurence Fishburne), chef des humains libres, y croit lui aussi. Après de nombreuses années de recherches, il semble enfin avoir trouvé l’élu en la personne de Thomas Anderson (Keanu Reeves), alias Néo, un génie de l’informatique. Mais les machines n’ont pas l’intention de se rendre et emploient de puissantes IA, tel l’agent Smith (Hugo Weaving), pour régir la Matrice.
Outre l’aspect science-fiction avec ce monde futuriste gouverné par des machines ayant le droit de vie ou mort sur les humains, le film a aussi un aspect très psychologique à l’image d’Inception où on se demande dans quelle mesure l’univers effectif est la réalité. Mais que les néophytes se rassurent, rien qui ne vaudrait un maux de tête ici puisqu’il n’y a que la réalité et la Matrice. (A moins que…) Il s’agit plutôt d’une prise de conscience sur les valeurs de réalité, de véracité et d’authenticité. Cela démontre l’intelligence du film puisqu’on en ressort plein de questions existentielles. Du côté des acteurs, le charisme est de mise plutôt que le talent d’acteur. Mais si les acteurs semblent de glaces et ne peuvent briller, c’est aussi pour donner un côté surréaliste au film et nous faire douter de ce que l’on voit. Le scènes d’actions n’ont rien d’exceptionnelles mais elles divertissent. Il est dommage que des interventions à la con viennent ponctuer certains passages comme l’entraînement de Néo. De plus, les fusillades sont impropres et relativement ratés, la faute à un invraisemblable taux de réussite de 0,1% faisant pleuvoir les balles plus que le sang. Heureusement, le film se rattrape par une identité visuelle forte et un univers intéressant. L’idée de départ est bonne et le résultat très bon. On peut ne pas adhérer au concept mais le fait est là : le film mérite sa réputation.