Diffusé le 29 janvier sur France 3, le téléfilm joue la carte de la polémique, et s’attaque à un sujet tabou. Pas assez couillu pour viser un 11 septembre ou un complot israélien, le film donne tout de même une version des faits bien tranchée sur l’affaire Robert Boulin, ancien ministre français retrouvé « suicidé » dans une grosse flaque dans la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979.
Le film nous replace quelques temps avant les faits, lorsque Robert Boulin (François Berléand) venait de faire la plus grosse erreur de sa vie : faire confiance à un ami. En effet, il acquit une maison dans le Var de par le politicien Foccart, un bien immobilier malheureusement illégal car n’étant pas la propriété du vendeur. Une affaire qui lui retomba dessus dans la presse, qui s’empressa d’en répandre la nouvelle et de salir son nom. Traîné dans la boue, déshonoré et fatigué, il aurait donc mit fin à ses jours.
Le film avance, preuves à l’appuie, que Jacques Chirac – et tout ses proches – était un monstre, une abomination. Après avoir truqué les élections de son parti, fait chanter ses adversaires, tenu aux silences des juges, Robert, haineux envers lui, aurait enfin eu le moyen de mettre un terme à ses magouilles et briser sa carrière : des preuves irréfutables de ses financements occultes du RPR grâce aux généreux dirigeants africains. Mais Chirac, associé avec Foccart et la mafia, aurait orchestrer l’assassinat du notaire de Robert, puis celui de Robert lui-même.
La théorie des assassins n’est évidemment pas prouvée, mais l’assassinat est en revanche plus qu’une évidence. En effet, le cadavre de Robert portait des traces de menottes, et avait plusieurs os du crâne fracturé, et quelques hématomes. De plus, l’afflux sanguin post-mortem indiquait clairement une position opposée à celle du corps d’un noyé. Mais bien évidemment, rien ne fut attesté et l’enquête et l’autopsie furent sabotées. L’existence d’un enregistrement vocal, prouvant la tentative de mise au silence de la femme de Robert par Foccart à grand coup de millions compensateurs du deuil, n’y change rien : l’affaire est classée. Mais bon, chacun se fera son avis, d’autant que le téléfilm était suivis par un débat en direct entre d’un côté le réalisateur et ses recherchistes, appuyant la thèse du meurtre, et de l’autre une journaliste de l’époque, un écrivain et un flic corrompus de l’époque, assurant la partie pro-suicide. Débat très amusant tant l’un des partis est ridicule et stupide. On croirait presque un spectacle de Dieudonné.
Pour ce qui est du film en lui-même, le résultat n’est pas à la hauteur des enjeux : rythme trop lent, acteurs mauvais, image trop sombre, cadrages amateurs, et fin trop longue. L’ennui est omniprésent mais on essaye de s’accrocher, ne serait-ce que pour découvrir la face cachée des hommes politiques. Cette affaire aura été très importante, car le principe de meurtres camouflés en suicides fut un des pilier incontournable de la période Mitterrand, et les financements occultes de Jacques Chirac furent reprit à la lettre par Sarkozy. L’affaire Robert Boulin fait donc partie intégrante de la culture française, et malgré sa piètre qualité, le film mérite le détour, ne serait-ce par soucis de culture générale. Et vive la France !