Portant sur les classes sociales, les intolérances et le racisme, le projet a eu du mal à aboutir de par son sujet sensible. C’est finalement Don Cheadle, passionné par le scénario, qui produisit en partie le film et lui permit de voir le jour de par son soutien.
Le film se présente sous forme de plusieurs petites histoires, qui se retrouveront plus ou moins imbriquées, changeant au passage la vision des gens, les faisant rencontrer leur côté obscure en les confrontant à leur plus grande peur. Et dans une ville comme Los Angeles, où les minorités ethniques sont majoritaires, où la violence et la délinquance sont monnaie courante, chacun voit son prochain comme un cliché : les noirs sont des criminels, les blancs des racistes, les asiatiques des travailleurs qu’on opprime, et les mexicains des clandestins malfaisants. Et à force de vouloir voir les gens de la sorte, ils le deviennent pour leur donner raison. Parmi eux Sandra Bullock et Brendan Fraser, terrorisés à juste titre par les jeunes de banlieue, Thandie Newton et Terrence Howard en noirs victimes du racisme, Michael Peña en ouvrier lynché, ou encore William Fichtner et Matt Dillon en avocat et flic racistes. Du gros casting.
Nominé dans un paquet de festival, le film a notamment reçu les récompenses ultimes de l’Oscar du meilleur film et du meilleur scénario original : une consécration. Si déjà avoir réuni un si beau monde avec 6.5 M$, c’est une belle victoire, il faut bien avouer que leur performances sont globalement très bonnes. L’image est aussi très belle, sombre pour une ambiance très présente, d’autant plus avec les musiques mélancoliques et tristes qui le ponctuent. Mais là où le film est réellement excellent, c’est dans sa construction narrative : le principe comme quoi tout se recoupe. Séparément, les histoires sont bonnes, jouant habilement sur nos attentes des clichés, allant parfois dans le sens inverse, ou bien même assumant pleinement une part de vérité dans nos idées reçues. Bien sûr, toutes ne se valent pas, et on crachera tout spécialement sur les deux jeunes raclures ou sur le couple insipide du politicien et de sa femme bobo. Mais avec une vue d’ensemble, et le travail d’union et de cohérence globale, le film fait montre d’un travail remarquable. Sans valoir pleinement ses prix, il reste particulièrement bien fait et prenant.