La créature mythique du vampire a connu bien des passages au cinéma depuis les premiers films retraçant les légendes de Transylvanie sur le conte Vlad Dracule, surnommé Dracula. Souvent assimilé à la religion chrétienne, ce démon craindrait bien des maux : l’ail (va savoir pourquoi), les crucifix et le ciel (symbole et lumière de Dieu), ainsi que les flammes et le pieu dans le cœur. Dans le film, on suppose qu’il n’y a ni enfer ni paradis, et qu’il ne s’agit que de morts-vivants préférant la damnation et l’obscurité éternelle à la simple condition humaine, le soleil étant donc leur seul point faible.
Ancien maître de colonie américaine possédant quelques terres dans le nouveau monde, Louis (Brad Pitt) raconte aujourd’hui sa vie de vampire à un journaliste qui trouvera là un entretien qui risque bien de changer sa vision de la vie. Pour Louis, tout commença en 1791, à l’âge de 24 ans, alors qu’il venait de perdre sa femme et son enfant en couche. Désespéré et anéanti, et voulant en finir avec la vie, il écumera les coins les plus dangereux et sombres de la ville, attirant l’attention d’une personne dont il ne pouvait soupçonner l’existence : Lestat (Tom Cruise), un vampire. Fasciné par ce jeune homme fougueux et désemparé, il lui donnera le choix qu’il n’a jamais eu : devenir ce monstre assoiffé de sang et vulnérable au soleil, mais promis à la jeunesse et à la beauté éternelle. Mais cette nouvelle vie frivole et excitante lui en coûtait sa morale, souffrant de devoir prendre la vie d’humains pour prolonger la sienne. C’est alors que Lestat lui offrit un nouveau cadeau : une petite fille vampire, Claudia (Kirsten Dunst). Mais jamais il n’arrêta de chercher une raison à son existence, cherchant les siens, cherchant un but.
Le film étant du domaine du fantastique, mieux vaut ne pas chercher à étudier de trop près la vraisemblance des vampires. On ne peut que rester dubitatif sur le rapport à la lumière, et surtout leur moyen de survie. Car admettons que le sang chaud soit suffisamment riche pour constituer l’unique apport nutritif, on voit mal en quoi il serait l’unique repas possible, et surtout comment il peut être disséminé dans le corps après ingurgitation puisqu’ils sont dépourvus de cœur fonctionnel, empêchant la circulation du sang. Mais soit… On assistera donc à une recherche intérieur et une quête de vérité sur la morale et la condition de vampire, son rapport à Dieu. On y notera quelques déceptions, le film n’y apportant aucune réponse. Reste alors cette réalisation quelque peu kitsch et des effets spéciaux vieillots, desservant néanmoins une ambiance assez prenante. Les acteurs sont pour le moins excellents, et on leur tolère cette tension homosexuelle entre Tom Cruise et Brad Pitt ou Antonio Banderas. Beaucoup plus intéressante mais pas assumée, la relation pédophile avec la déjà brillante Kirsten Dunst en choquera plus d’un, mais son personnage est assurément un point fort du film. Très bien construit, prenant et possédant une ambiance unique, le film pèse ses atouts, et s’impose comme un très bon cru du genre, mais manque un peu de fond pour prétendre à mieux.