Nominé pour le César et l’Oscar du meilleur film étranger, présent dans de nombreux festivals et surtout à la Berlinade où il remporta deux Ours d’argent (pour meilleur acteur et meilleur scénario), ce film danois reprend l’une des histoires les plus populaires du pays, celle du médecin du roi Christian VII, qui œuvra pour la liberté et l’humanisme.
L’histoire prend place en 1770 à Copenhague, capitale du Danemark, alors que la princesse Caroline Mathilde (Alicia Vikander) s’apprête à épouser le roi Christian VII. Malheureusement, loin d’être aussi beau qu’escompté, il se révélera être un fou, un dépravé. Bégayeur, alcoolique, arriéré, il n’est qu’un stupide pantin tout juste bon à aller dans les bordels de la ville. Une vie qui la destine à une tristesse et à un ennui infini. Désireux de retrouver les grâces de sa seigneurie, des nobles rejetés ont décidé d’infiltrer un homme au château, qui recherche un nouveau médecin personnel du roi. Choisit par leurs soins, le révolutionnaire anonyme Johann Friedrich Struensee (Mads Mikkelsen) va réussir l’entretien, devenant même le meilleur ami du roi. Gagnant peu à peu sa confiance, il arrivera à gravir les échelons et imposera à la cour des lois progressistes et humanistes tels l’abolition de la torture, la reconnaissance du travail des paysans, et d’autres lois revalorisant le petit peuple. Mais contemplant chaque jour une reine magnifique et délaissée, et nourrissant elle aussi de folles passions pour lui, un amour interdit naîtra.
Après le coup du mariage forcé et résigné, le film bascule dans la politique et romance, orchestrant un coup d’état à petit feu. Profitant de la faiblesse d’esprit du roi et de son amitié, son médecin gagnera peu à peu les hautes sphères du pouvoir, faisant passer des réformes jugées choquantes à l’époque, tant la noblesse fut bafouée. Le pouvoir rendant aveugle, il entamera une relation charnelle avec la reine, le genre d’acte qui ne reste jamais impuni. On les sent, le drame à la Roméo et Juliette n’est pas loin. Mais de toute façon, existe t-il un seul film d’époque qui se finisse bien ? Au moins, sans faire preuve d’une originalité folle, l’histoire est parfaitement bien construite, captivante, et la fin, aussi cruelle soit elle, a le mérité d’être particulièrement forte. Une qualité due en grande partie au casting, d’une justesse rare et composé d’un trio de tête incroyable. Plus encore, la musique, les costumes, les décors, tout est somptueux. Artistiquement, le film est pour ainsi dire irréprochable. Le problème principal est d’ordre scénaristique : les considérations de l’époque ne nous touchent guère, la morale est discutable, et les 130 minutes du films paraissent un peu trop longues par moment. Un très beau film, certes handicapé par une histoire pas très percutante.