Incontestablement l’un des sports les plus populaires au monde, et tout particulièrement en Allemagne où le Bayerne de Munich réalise régulièrement des performances très impressionnantes, il n’en a pas toujours été ainsi. Jusqu’à la fin du XIX° siècle, ce jeu était considéré comme une abomination barbare de ces « dégénérés et consanguins d’anglais ».
Le film nous replace donc dans cette période trouble de l’empire d’Allemagne, où l’austérité et la rigueur étaient les maîtres mots de l’enseignement. Konrad Koch (Daniel Brühl), germanique ayant fait ses études à Oxford et revenant au pays avec sa nouvelle culture, fut employé dans une école ultra sélecte de la bourgeoisie allemande pour y enseigner l’anglais, une pratique exclusive et inédite. Néanmoins, face au méprit des élèves jugeant l’anglais comme une langue morte de part la bassesse de son peuple et l’outrage de leur coutumes, l’essai vira très vite au lynchage. Les actionnaires de l’école regardant ses méthodes d’éducation douce d’un œil moqueur, il décida de se lancer dans une expérience assez folle : leur faire apprendre l’anglais tout en leur faisant découvrir le foot. Mais il est bien difficile de faire évoluer les mentalités…
Rare et discret, le cinéma allemand se montre bien souvent surprenant. Le football ne passionnant pas forcément tout le monde, les non-initiés auraient pu craindre de rester de marbre, mais il n’en est rien. Notamment grâce au professeur dont l’interprète multiplie les rôles très intéressant et prouve une fois de plus son talent, et quelques élèves à la psychologie bien tranchée et représentant un problème social primordial, cette reconstitution historique a bien des choses à nous dire. Faisant l’apologie de l’institution quasi militaire encourageant la violence, la rancœur et l’exclusion, le film met en avant les anciens élèves devenus parents avides de vengeance, et leurs enfants, prit entre leur désir de changement et les ordres paternels. Là où le film fait très fort, c’est que ce côté réactionnaire et humaniste n’étouffe pas le film, et possède cette justesse nécessaire pour n’apporter que profondeur au film. Loin d’être un grand chef d’œuvre, le film fait malgré tout montre de beaucoup de qualité et cette production indépendante vaut le détour.