Marius et Fanny

Marius et Fanny
2013
Daniel Auteuil

Après avoir revisité avec brio La Fille du puisatier, Daniel Auteuil nous revient avec une nouvelle adaptation de Marcel Pagnol, celle de sa trilogie Marius, Fanny et César. Déjà adaptée dans les années 30, ces aventures marseillaises ont aujourd’hui les honneurs d’un retour au cinéma, aussi débile soit-il. En effet, semblant vouloir se tirer une balle dans le pied, Marius et sa suite Fanny, sont sorti à la même date. Pour voir le second, il faut avoir vu le premier, et quitte à voir le premier, il faut aussi aller voir le second. Une grande première dans l’art du planning, et le résultat ne s’est pas fait attendre : le bide programmé ne s’est pas fait mentir, condamnant la combinaison des deux films à moins de 400 000 entrées, alors même que La Fille du puisatier réalisait plus 1,3 million de spectateurs. Mais laissons tout de même sa chance au film.

Le premier film, Marius, nous emmène dans les rues vives et joyeuses de Marseille, à une époque aussi belle qu’insouciante. Marius (Raphaël Personnaz) est un beau jeune homme rêveur, travaillant au bar de son père (Daniel Auteuil) en attendant qu’il puisse assouvir son plus grand désir : prendre la mer. Guettant une place de libre sur un voilier, il évite de se créer trop d’attaches sur place, ne voulant rien laisser s’interposer entre lui et son rêve. Mais quand la belle Fanny (Victoire Belezy) fut proposée par un vieil homme riche, Panisse (Jean-Pierre Darroussin), il ne put cacher son amour pour elle.

Suite directe de Marius, Fanny démarre alors que Marius a finalement prit la mer, s’engageant pour pas moins de cinq ans. Fanny a le cœur brisé, César (le père de Marius) est détruit, et alors que malheur semblait total, Fanny apprit sa grossesse, enceinte de Marius. Une telle ignominie jetterait un terrible déshonneur sur la famille (Marie-Anne Chazel), et Fanny n’aura de choix que d’épouser Panisse, gentil et compatissant.

Deux films qui forment un même tout. On suit donc une belle histoire d’amour entre un fougueux qui aspire à une grande aventure et une femme simple ne souhaitant que se complaire dans son amour et mener une vie banale. L’enivrante amour, le calme et la sérénité du Sud, une vie tranquille et toute tracée : une vie idéale mais bien trop sage. Partir sur les eaux imprévisibles et tumultueuses, sentir le frisson de la vie, voilà une belle façon de passer ses jours. C’est avec force et talent que ces émotions sont retranscrites, chaque vision trouvant un écho percutant. Quelques accents sont maladroits mais globalement le jeu des acteurs est très bon – surtout Victoire Belezy, un talent à suivre – et le résultat est vraiment solide. Le scénario est prévisible mais plaisant, souffrant de quelques longueurs, surtout dans le second film, mais rien de bien grave. On se régalera à l’occasion de dialogues délectables, et on passe vraiment un bon moment, malgré une tendance au pessimisme et à la tristesse. Espérons que le bouche à oreille sauve un minimum les meubles, une stupide erreur de programmation ne devrait pas condamner le film à l’oubli, tant le résultat fait honneur au maître de la littérature.

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