Il y a des fois où on s’en fout, et d’autres où c’est vraiment un gâchis trop insupportable. Au royaume des scénarios en or massacrés, ce film signé Danny de Vito (qui incarne aussi le père de la fameuse Mathilda) y tient une bonne place, alliant charme incroyable, beauté et simplicité enfantine à une féerie magnifique. Et comment à t-on pu tomber si bas ?
L’histoire du film est une ode poétique quasi majeure, fusionnant La vie est un long fleuve tranquille et Chronicle, un combo qui tient du génie. Petite surdouée dans une famille de débiles profonds, Matilda a grandi seule, dédaignant les émissions de télé familiales au profit de lectures sérieuses et instructives. Surpassant dès son plus jeune âge ses proches, l’ennui qu’elle endurait allait enfin prendre fin avec son entrée à l’école. Et en effet, le bonheur était à sa portée : des amis, des facultés la rendant unique, et une institutrice providentielle illuminant ses journées (Embeth Davidtz). Malheureusement, une ombre entachait cette idylle : la directrice, véritable tortionnaire sanguinaire.
Une petite fille en plein éveil, transcendant même la physique, qui tente de trouver du réconfort auprès d’une mère de substitution, tant sa famille lui fait défaut : rien qu’à l’idée les larmes nous viennent. Le vilain petit canard qui ridiculise ses proches ? Un potentiel comique énorme ! Injustice, humiliation, singularité, émotion : une formule de qualité pour un film qui sur le papier s’annonçait parfait. Mais seulement voilà, la bêtise américaine va passer par là… Stéréotypes, grossièretés, maladresses, stupidité, tout y passe. Si on excuse les facilités premières de la famille plouc, si on tolère la longue attente menant à l’école, difficile de s’enthousiasmer face à une sorcière repoussante qui fait du lancé d’enfants (risible) et qui oblige un enfant obèse voleur de gâteau à s’exploser la panse en public pour gloutonnerie (honteux). Point d’émotion à l’horizon, que de l’humour gras et stupide. Rarement pareil potentiel aura connu si regrettable débâcle.