Après la consécration de Neill Blomkamp grâce au succès retentissant de l’excellent District 9, le réalisateur nous revient avec un nouveau film de science-fiction, solidement armé d’un budget de 115 M$, soit le quadruple de son premier film, donnant libre cours à son imagination. Mais visiblement cet extra ne l’a pas tellement inspiré.
L’histoire prend place en 2154, futur bien amer pour la plupart des gens. La Terre n’est plus qu’un immense bidonville où les gens tentent de survivre, tandis que les riches les ignorent, impassibles du haut de leur station orbitale Elysium. Luxe, verdure, espace, médication miraculeuse et éternelle : une vie qui rend malade de jalousie des millions de gens, assistant à la mort de leur proches qui auraient pu être évitée à l’aide de leur technologie de soins. Max (Matt Damon) a toujours regardé le ciel avec envie, nourrissant l’espoir d’y gagner son ticket d’entrée. Mais un jour cette envie va se transformer en besoin vital : victime d’une importante exposition aux radiations dans le cadre de son travail, il ne lui reste plus que cinq jours à vivre, à moins bien sûr qu’il n’accède aux machines d’Elysium. Mais pour y pénétrer, il devra récupérer les codes cérébraux d’un des leurs. Malheureusement, en choisissant son patron (William Fichtner), il s’attirera les foudres du ministre Rhodes (Jodie Foster), qui prépare un coup d’état. Elle lâchera sur lui le plus terrible des mercenaires : Kruger (Sharlto Copley).
Le film part de principes assez faciles et redondants : montrer du doigt les privilèges des riches. Et pourtant, la place à Elysium semble cher, très cher. Seules les plus grandes fortunes du monde y sont rassemblées, et malgré tout leur vie ne fait pas rêver : on a connu luxe plus grandiose sur Terre. Il n’y a guère que la machine de soin qui donne une certaine légitimité à tout ça, mais on voit mal pourquoi une copie ou une réplique n’existerait pas en bas. De même, les raisons de la construction d’une édifice spatiale sont vagues, pour ne pas dire mauvaises. Dans sa globalité, le scénario laisse perplexe : pourquoi n’y a t-il pas d’endroit plus reluisant sur Terre, comment se fait-il qu’un mourant gambade pareillement (d’accord y’a les pilules, mais c’est un peu trop facile), pourquoi est-ce qu’on laisse crever la bouche ouverte l’un des hommes les plus importants, comment se fait-il que la station soit à l’air libre (???), et bien d’autres questions quand à la cohérence de l’univers dépeint. C’est dommage car visuellement le film se veut réaliste, ce qu’il peine à être. Du coup, la platitude de la Terre et le manque d’envergure de la station orbitale n’ont pas raison d’être, et la direction artistique s’en retrouve entachée.
Mais tout n’est pas noir, l’histoire restant malgré tout intéressante. Dans cette course où chacun tente d’imposer son ambition aux autres, on assiste à de bonnes grosses scènes d’action et des fusillades explosives, et même si le scénario a ces limites, on se demande constamment comment les choses pourront-elles trouver solution, tant les problèmes se multiplient pour tous. Bien rythmé, bien mit en scène, le film peut aussi compter sur un casting solide, malgré l’apparence déroutante de notre héros. Mauvais film de science-fiction, certes, mais plutôt grand film d’action. C’est sûr, le passage de District 9 à Elysium en décevra plus d’un, mais ça reste d’un assez bon niveau.