La Vie d’une autre
2012
Sylvie Testud
Voilà qui est pour le moins surprenant de la part du cinéma français : le film s’attaque à un sujet déjà peu fréquent en soit, mais encore plus dans notre pays, le voyage temporel. Dans cette adaptation du livre de Frédérique Deghelt, on y découvre Marie (Juliette Binoche), une jeune avocate de 26 ans profitant pleinement de la vie, s’endormant le jour de son anniversaire avec un bel homme (Mathieu Kassovitz) rencontré le jour même à la plage. Mais le lendemain, le réveil fut brutal : elle se réveilla 15 ans plus tard comme si de rien n’était, tel une soudaine amnésie. Elle se retrouve alors dans un appartement qu’elle ne connait pas, est mariée avec l’homme qu’elle avait rencontré la veille, et est mère d’un enfant qu’elle rencontre pour la première fois. Elle a depuis fait fortune dans les affaires, mais elle est en instance de divorce, et son mari s’affiche déjà en couple avec une autre, et elle entretien elle aussi une relation extra-conjugale. Ce futur devenu présent, elle le rejette, subissant la vie d’une autre qu’elle a oublié ou perdu.
On appelle ça Alzheimer habituellement, mais ici l’amnésie semble venir d’un saut temporel pur et dur. Une femme se réveille, même si ça se dirait pas (pas bravo les maquilleurs), 15 ans plus tard, avec tous les changements que cela comprend. Malheureusement, le travail des scénaristes est vite mit à mal avec les nombreuses incohérences, que ce soit la réaction de la principale concernée ou celle des autres. Déjà vive la blasée : même pas une seule remarque sur son appart de luxe au pied de la Tour Eiffel. Et comment peut-on ne pas se rendre compte du changement de monnaie ? Difficile de passer après Good bye, Lenin ! en matière de réveil après un long sommeil (ici spirituel)… Fort heureusement, le film a quand même quelques atours à faire valoir. Déjà son duo principal : Marie est assez bonne et son mari est carrément bluffant. En résulte alors un soutien bien meilleur pour le drame humain qu’est le film, très porté sur le sentimentalisme de ce couple brisé pour l’un, pas encore consumé pour l’autre. Le sujet, bien que assez superficiellement traité, reste très bon, et l’interprétation donne une profondeur intéressante.