Le Château de Cagliostro
1979
Hayao Miyazaki
Bien qu’il est co-réalisé Horus, prince du soleil onze ans auparavant, ce film constitue le premier d’une longue et glorieuse lignée pour le légendaire réalisateur japonais Hayao Miyazaki. Comme la plupart de ses œuvres, celle-ci nous est arrivée avec beaucoup de retard en France où pas moins de trois versions de doublage se sont succédé depuis les années 90 jusqu’à la version définitive sortie en 2011 avec tout de même Homer Simpson et Robert De Niro (du moins leurs doubleurs officiels français). Il s’agit du second film d’animation centré sur le personnage de Lupin III, le petit-fils du gentleman cambrioleur, une saga très populaire qui a connu près de 80 manga, une poignée d’animes, des dizaines de téléfilms et donc à ce jour six films d’animations dont voici le second.
Dans un cadre qui semble être les années 70, le film nous fait partir en compagnie de Lupin III, alias Edgar de la Cambriole, sur les traces d’un terrible complot. Fièrement ressorti sans une égratignure d’un casse de casino, il se rendit compte que cet argent était de la coque monnaie, arlésienne mythique de la contrefaçon. Gangrenant l’économie mondiale depuis des temps immémoriaux, Edgar avait cru remonter une fois cette trace il y a une dizaine d’années, mais il faut dire que sa cible n’était pas moindre : la principauté de Cagliostro, un très puissant petit état indépendant. Mais en arrivant sur place, il croisa la fille héritière de l’une des branches royales, tentant de fuir un mariage forcé. Voilà une double bonne raison d’investir les lieux pour le roi des voleurs !
Difficile de cacher son appartenance aux années 70 pour ce film d’aventure / policier bien dans l’air de son temps. Charmeur, baratineur, bagarreur et mauvais garçon, Edgar de la Cambriole, en plus d’afficher un nom aussi sophistiqué qu’arrogant, est une caricature ambulante de James Bond, avec bien sûr son style à la Arsen Lupin pour le rendre un peu plus sympathique. Ça prend plus ou moins, mais il reste de toute façon le personnage le plus charismatique de l’histoire. Il faut dire que les autres sont un peu étouffés par sa présence et que la potiche de service à secourir ne lui fait guère d’ombre. Côté ambiance, on sent les prémices du maître de la fantasy, mais son style naissant est noyé sous un ton plus gaguesque proche des bandes-dessinées où le réalisme n’y trouve pas sa place. C’est dommage car entre les mystères du château, les complots historiques et ce désir d’aventure, on sentait un énorme potentiel, mais le ridicule de certaines scènes nuisent à la cohérence générale. On voulait croire aussi en la petite note poétique à la fin, mais encore une fois, le film déçoit en faisant du « Bip-Bip et le Coyote ». Un film de commande qui semble t-il a brimé le génie de son maître artisan, même si on reste dans une belle aventure relativement bien ficelée avec un héros charismatique.