Robocop
1988
Paul Verhoeven
Petit film de science fiction réalisé par un quasi inconnu, le film est entré dans la léfende depuis. Doté d’un petit budget 13 M$, le film totalisa 53 M$ de recettes sur le seul territoire américain, un bel exploit pour Paul Verhoeven, devenu une référence du milieu SF, mais qui n’avait jusqu’alors jamais eu les honneurs d’une sortie en salle aux Etats-Unis. Désormais classique du cinéma, son film reste t-il une valeur sûre après tant d’années ?
La situation s’est largement détérioré ces dernières années à Detroit, à tel point que la police n’est plus que de la chair à canon bonne à se faire descendre par les mafieux. Fraîchement débarqué au sein des services de l’ordre, Alex J. Murphy (Peter Weller) était sur les traces d’un groupe de braqueurs, mais sans renforts et avec des moyens bien moindre face aux malfaiteurs, il se fit tuer dès son premier jour. Un bien triste sort, mais pour le service de sécurité nouvellement en charge de la ville, c’est une aubaine : ils vont transformer ce qui reste de lui en un robot invincible qui œuvrera en tant que policier suprême.
Les débuts du numérique n’ont pas été une source d’inspiration fructueuse pour tous. Si Tron avait réussi à en tirer un univers visuel singulier qui reste aujourd’hui saisissant, on ne peux pas en dire autant des robots de ce film. Pourtant, ces espèces d’incrustation ratées que sont les golems de guerre auraient pu être très réussis, la preuve en est avec l’humanoïde qu’est Robocop, fruit du maquillage et des costumes : un bel exemple de réussite intemporelle et réaliste. En parlant de réalisme, si globalement l’histoire de complot se tient et fait même preuve de profondeur avec notamment les règles des machines à la Asimov, quelques points sont un peu bancals voir incohérents. Difficile de passer à côté de la scène d’éveil où le gigantesque Robocop est obligé de lever les yeux pour regarder les gens qu’il croise, ou bien tout ce qui entoure sa mémoire, car difficile de faire appel à eux quand on a eu la cervelle explosée. C’est ce qu’on appelle un trou de mémoire. De plus, la vision « futuriste » est risible : censé se passer à l’aube de l’an 2000, le film se base sur une technologie médicale ahurissante alors que l’informatique semble bloquée à ses balbutiements. Le côté SF du film n’est donc pas spécialement réussi, mais on retiendra un certain réalisme dans l’action, notamment de par la violence extrême qui régit les règlements de comptes, parfois très gores. Semble t-il trop ambitieux pour son époque (son personnage principal n’arrive pas à s’imposer comme une arme ultime faute de déplacements trop lourds et lents), le film reste malgré tout un film plutôt bien construit, reposant sur des idées originales et un univers certes pessimiste mais bien retranscrit.