Kaboom

Kaboom
2010
Gregg Araki

Malgré des œuvres très confidentielles, le réalisateur Gregg Araki s’est constitué une belle réputation auprès de la presse spécialisée, qui n’hésite pas à le qualifié de fils prodigue de Lynch, celui qui a révolutionné la vision fantastique au cinéma il y a quelques décennies. Et pourtant, chacun de ses films divise profondément entre une presse en délire et des spectateurs mitigés. Ce dernier film en date ne fait exception, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il est loin d’être tout public.

Aux Etats-Unis, pas besoin de théorie du genre pour avoir des enfants complètement détraqué au point de ne pas savoir ce qu’ils sont. Fraîchement débarqué en fac, Smith (Thomas Dekker) est ce qu’on appelle un bisexuel : 90% homo et 10% hétéro. Les 10% accidentels, c’est London (Juno Temple), une nymphomane rencontrée lors d’une soirée très spéciale. Drogué, fatigué ou pure vérité, Smith a peut être halluciné cette soirée là un meurtre : celui d’une mystérieuse rousse présente dans un étrange rêve récurrent, tuée par un groupe d’hommes portant des masques d’animaux. Depuis, il ne sait pas si c’est son imagination qui est alimentée par la paranoïa, mais il a l’impression d’être constamment poursuivit par ces hommes masqués.

Quand la folie côtoie l’étrange… Un film pour le moins original et inspiré. Bien sûr, il sera assez difficile de rentrer dedans au début : tous les personnages sont des bisexuels en puissance et ça tourne direct à l’orgie. Choquant, gratuit et bien loin de tous les messages habituels sur la protection et la sécurité, de quoi attiser la colère des associations autour des MST. Pourtant, bien des choses retiennent notre attention dès le début. Malgré des mentalités débridées et inconscientes (voir révoltantes pour certains), les acteurs arrivent malgré tout à rendre sympathiques leurs personnages grâce à un immense charisme et un style visuel très concentré sur les personnages et leurs regards, avec un énorme travail dessus. Pour un rendu plus impactant, tous les acteurs ont une couleur de rétine très clair et saisissante, presque surnaturelle, travaillant de concert avec la réalisation sous acide qui sature l’image de couleurs, toutes plus éclatantes les unes des autres, même la nuit. Et finalement l’histoire se révèle intéressante, pas mal construite, pleine de rebondissements fous et fusant à un rythme idéal, presque sinusoïdal pour déstabiliser totalement le spectateur. Et le titre illustre parfaitement l’esprit dans lequel on en ressort. Difficile de ne pas penser au maître du genre, Donnie Darko, dont ce film s’inspire visiblement énormément, l’acteur incarnant son lapin jouant d’ailleurs ici un gourou incroyable. Pas aussi psychologique et renversant que son modèle, le film est tout de même un très bel exercice dans son genre, et il serait dommage de passer à côté pour des raisons autres qu’artistiques.

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