Epic : la bataille du royaume secret


Epic : la bataille du royaume secret
2013
Chris Wedge

Loin d’avoir été le film d’animation le plus populaire l’année (il est plus proche du contraire) cette adaptation de conte de William Joyce vient faire écho à Arrietty et autre Arthur et les Minimoys, son histoire se centrant sur des créatures humanoïdes en tous points similaires à l’homme, à un détail près : leur taille microscopique. Une idée qui ne remonte d’hier mais qui a de nombreuses fois prouvé sa valeur, mais n’a jamais vraiment été traité avec la pertinence nécessaire, et ici encore plus.

Ainsi, Mary-Katherine, en plein deuil de sa mère, décide de rendre visite à son père, perdu de vu depuis un certain déjà de par son choix du travail au détriment de la famille. En effet, depuis des années la vie de son père est uniquement orientée autour de la forêt qui borde sa maison car il persuadé qu’une forme de vie particulièrement intelligente y prolifère. Pour Mary-Kate, cette histoire n’était que folie, mais sa vision des choses va se retrouver bouleversée lors de sa rencontre avec Tara, reine de la forêt. Depuis toujours hommes-feuilles, protecteurs de la forêt, et bogans, aspirant à un monde en putréfaction, s’affrontent dans une lutte infinie, mais la balance pourrait bien pencher en la faveur des bogans. Profitant de la cérémonie du bourgeon qui a lieu tous les cents ans, leur chef a réussi à assainir un coup mortel à la reine. Dans un dernier souffle de vie, elle fit de Mary-Kate la gardienne du bourgeon, graine de vie dont émanera la prochaine reine.

Le film commence très bien : une intensité dramatique, un sens de la mise en scène prononcé, et quand on voit cette femme aux portes de cette énigmatique maison, le champ des possibilités paraît infini et la confiance s’installe d’emblée. Mais très vite cette impression s’efface en constatant la direction artistique et certains choix scénaristiques. Pour quelque chose d’aussi énorme qu’une société secrète d’une taille pourtant suffisamment conséquente pour être aisément découverte, il faut ou une technique d’animation réaliste et irréprochable à la Arrietty ou l’utilisation d’éléments réels au sein de l’univers, comme dans Arthur et les Minimoys, pour donner un caractère plus concret à cet écho-système. Or ici, l’animation est plutôt quelconque et le design des personnages cartoonesque. Une erreur qui coûte cher et qui rend toute la direction artistique, en plus de ne pas être très inspirée, particulièrement hors de propos. Un sacré regret auquel vient s’ajouter un combat classique entre le bien et le mal, symbolisé par la vie et la mort de la nature. Des ficelles plutôt énormes. Pourtant, cet univers marche presque, et le film fourmille d’idées excellentes, notamment dans l’humour avec le rapport aux animaux, bien que certains gags soient assez lourds. Et même si graphiquement le film ne se tient pas, quelques jeux de lumières valent le détour, œuvrant intelligemment pour le scénario avec des passages très poétiques. Mais régulièrement des trouvailles sautent aux yeux sans que le film sache en tirer parti, comme le chien adorable ou le coup de l’oiseau dont le maître ne reviendra pas. Un pseudo effet comique du « oh zut » complètement raté de par l’intensité dramatique des enjeux, alors qu’un regard larmoyant mais noble, scrutant l’horizon, aurait rendu cette scène d’une puissance imparable. Un film qui regorge d’idées exceptionnelles et qui avait toutes les cartes en main pour en faire un beau et grand film, mais qui n’abouti qu’à un film enfantin et convenu.

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