My Name Is Khan
2010
Karan Johar
Souvent prit en exemple de ce que Bollywood a de meilleur à offrir, j’avais découvert ce film il y a deux ans, mais sans jamais en connaître la fin, la faute à un enregistrement trop court de cinquante minutes (en effet, le film fait près de 2 h 40). C’est dire l’effet que m’avait fait ses deux premiers tiers. Problème aujourd’hui résolu, et le contraire aurait été dommage tant le film s’impose à la fois comme une romance magnifique et comme une leçon de vie qui transcende la politique et les religions.
Comme sa mère lui disait, il n’existe aucune différence entre deux hommes de religions différentes, il n’y a que deux types d’hommes : les bons et les mauvais. Des paroles apaisantes dans un contexte d’opposition entre les musulmans et les hindouistes en Inde, mais une vision que peu de gens partagent. Parti vivre aux Etats-Unis après la mort de sa mère, Rizwan Khan (Shah Rukh Khan) a eu beaucoup de mal à s’intégrer à cause de sa forme d’autisme, le syndrome d’Asperger (peur de la couleur jaune, des choses nouvelles et des sons perçant). Mais une personne vit malgré tout la bonté en lui : Mandira (Kajol Mukherjee-Devgan), avec qui il découvrit l’amour. Puis vint le 11 septembre et ses attentats, puis les guerres contre des pays musulmans, accumulant dans l’esprit collectif la haine de cette religion assimilée au terrorisme. Et ce fut l’aube de nombreuses tragédies, aboutissant à une décision irrévocable pour Khan : il se doit d’aller voir le président pour lui dire qu’il est musulman mais pas terroriste.
Brillant, tout simplement brillant. Et pourtant, un film avec un autiste en héros et qui aborde des thèmes tendus souvent en proie avec un ultra patriotisme dégoulinant, c’était très loin d’être alléchant. Mais il suffit de voir le fameux Khan à l’œuvre pour que tous les doutes se dissipent. Considéré comme le meilleur acteur de tous les temps à Bollywood, on peut dire que ça réputation n’est pas surfaite : tout simplement bluffant, éclipsant totalement un certain Rain Man. Attachant et drôle, sa romance avec la sublime Mandira est juste magique, démontrant toute la force de la poésie et des couleurs de l’Inde, même dans une transposition américaine, carrément dépossédée de ses lieux. Il faut dire que l’excellence de la réalisation aide pas mal à cette immersion. Mieux encore, l’histoire est quasi miraculeuse tant le sujet était casse-gueule. Mais finalement, le virage anti-musulman se fait naturellement et avec beaucoup d’humilité, rafraîchissant dans son approche diabolisant le gouvernement américain et Israël, pointés du doigt comme les pires humanistes qui soient. Une force dans les images, mais donc aussi dans le fond, car le film a un véritable message d’espoir et d’optimisme. Une brillante leçon de vie et un film exceptionnel.