Le Loup de Wall Street
2013
Martin Scorsese
Trois ans après l’excellent Shuter Island, le duo réalisateur / acteur principal est reformé pour la quatrième fois, avec donc forcément beaucoup d’attente, notamment du point de vu qualité. Mais même si le film est reparti bredouille des Oscars où il avait pourtant cinq nominations, et malgré trois longues heures d’affichées au compteur, le film a largement trouvé son public entre des critiques très bonnes et un formidable 389 M$ au box-office mondial. Un film cependant restreint dans son public visé (d’ailleurs classé R aux Etats-Unis) puisque traitant d’un véreux trader adepte de drogues en tous genres.
Le film s’inspire de l’histoire vraie de Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio), ancien trader qui a découvert le monde de la finance dans les années 80. Fraîchement diplômé d’une école de commerce et heureux dans son mariage (avec Cristin Milioti), il se voyait batailler pour aider les entreprises, rendre le monde meilleur. Mais sa vision des choses va se retrouver bouleversée quand il rencontra Mark Hanna (Matthew McConaughey), patron à Wall Street. Selon lui, le monde de la bourse est un chaos qui n’a ni raison ni logique, une bulle virtuelle qui n’existe pas, et la seule chose qu’il faut savoir c’est vendre le produit au client pour se faire un max de fric et tout dépenser en putte, cocaïne et démonstrations d’exubérance. Un déclic brutal qui le mènera à monter sa propre boîte avec son pote Donnie (Jonah Hill) et mener cette vie qu’on lui en vendait, mais lui ira beaucoup plus loin, trop loin.
Voilà ce qu’on appelle un film ultra complet : en trois heures, il s’en passe des choses, presque toute une vie. Du petit trader débutant au grand maître de la bourse qui se fait des millions chaque mois, le film retrace toute la carrière professionnelle de l’un des, si ce n’est même le plus grand escroc de l’histoire. Mari aimant aux nobles ambitions, il deviendra un obsédé sexuel trompant à tout va, même avec sa seconde épouse top modèle (Margot Robbie), sans oublier sa consommation aberrante de substances illicites. Le cas classique de la folie des grandeurs où le héros ne sait plus quand s’arrêter, et avec l’excellent Leonardo DiCaprio dans le rôle titre, difficile de ne pas penser à Arrête-moi si tu peux, les deux films étant dans le fond et sur la forme très similaires, même si celui-ci se montrera moins convaincant. En effet, la menace pesant sur Jordan se fait moins pesante, du moins du point de vu juridique puisque l’overdose aurait pu pointer son nez à n’importe quel moment. En parlant de ça, la surenchère de vices passe assez mal par moment, étouffant un spectateur plus conquit par une histoire trop reléguée en générale. De même, la plupart des rôles secondaires sont fades (en fait tous sauf la seconde femme et le mentor du début), et ça n’est pas un cameo de Jean Dujardin qui changera la donne. Et même si la réalisation est dynamique et le rythme maîtrisé, difficile de résister à une durée aussi conséquente, surtout qu’injustifiée. Un très bon film donc, mais qui aurait mérité d’être plus canalisé : sa durée, le nombre de personnages importants et d’événement majeur nuisant par moments à la lisibilité.