Du sang et des larmes

Du sang et des larmes
2014
Peter Berg

Après les bouchers américains qui rasèrent des villes entières durant les guerres mondiales sans compter toutes leurs manipulations de l’opinion publique, après la dépravation et les dérives de la guerre du Vietnam (armes chimiques, usage de drogues expérimentales, viol de masse sur la population locale, …), les américains ont encore fait très fort avec leurs guerres post 11 septembre, notamment en Afghanistan. Alors bien sûr, avec des villages massacrés et d’innombrables vidéos circulant où des talibans supposés sont humiliés voir exécutés, la riposte s’est fait sentir. D’une guerre à une autre, le réalisateur de Battleship va donc nous conter l’histoire vraie d’un régiment de l’armée américaine durant la guerre d’Afghanistan.

C’était durant l’été 2005, une opération baptisée « Red Wing ». Le but était simple : s’infiltrer dans les montagnes surplombant un village, identifier le chef des rebelles islamiste et le tuer sans somations. Ainsi, le commandant Kristensen (Eric Bana) a envoyé une escouade (Mark Wahlberg, Taylor Kitsch, Emile Hirsch et Ben Foster) sur place, mais les choses ont mal tourné. Posté dans les montagnes attendant la bonne occasion de frapper, le groupe fut repéré par un paysan et ses deux fils. Que faire ? Les laisser repartir et annuler l’opération comme le dicte leur charte, ou les tuer pour sauvegarder l’intégrité de la mission ? Guidés par la morale, ils vont choisir de les libérer, relâchant sur eux près de 200 talibans armés jusqu’aux dents et qui n’ont plus à rien à perdre.

« Bande de cons » serait-on tenté de dire. La technique américaine classique ? Bombarder comme des porcs et détruire tout ce qu’il y avait en dessous sans distinction. Pas étonnant alors de voir un tel déchaînement de violence de la part des radicaux d’en face. Donc faire le choix d’en libérer trois, c’était juste un suicide collectif. Et après tous les clichés du monde corroborés par l’intro et surtout le discours alarmiste de Alexander Ludwig, la nouvelle recrue, difficile de partir confiant sur cette histoire. Mais ça serait sous-estimer le réalisateur, déjà très percutant dans son dernier film. En plus de proposer un casting assez hallucinant, il arrive à instaurer un climat de tension franchement prenant, et la réalisation négocie très bien l’immersion sans passer par la caméra à l’épaule épileptique, trouvant un bon compromis dans la dynamique des mouvements et la durée très courte de certains plans. Au final la fluidité est très bonne et le réalisme optimal : une véritable plongée au cœur de la guerre. Un film ultra patriotique certes (il n’y a qu’à voir : près de 84% des recettes mondiales du film proviennent des Etats-Unis), mais le résultat n’en reste pas moins solide.

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